Comme on peut le comprendre, M. Vanbockestal n'en revenait pas ! La télévision venait de le massacrer à
l'écran. Il avait été ridiculisé, traîné dans la farine comme un malpropre face à des milliers de spectateurs, peut-être bien plus, qui
n'avaient pratiquement aucune chance de rétablir eux-mêmes la vérité sans explications particulièrement bien étayées.
Afin de bien enfoncer le clou, l'émission avait été rediffusée comme prévu. Elle avait même été relayée dans toute la francophonie et non
seulement au sein de la francophonie belge, mais également en France et au Canada, comme pour propager l'opprobre jusqu'au-delà des frontières
et toucher le groupement même dans son rayonnement mondial - car la petite Belgique ne devait pas avoir été jugée suffisante. L'avenir de
son livre, de très prometteur qu'il était, était devenu plus que compromis. Sa crédibilité était sérieusement entamée. Et, avec elle,
celle de tout le CERPI.
Dès le lendemain matin, il téléphona au journaliste XXX et les récepteurs des deux GSM devaient être particulièrement robustes pour
avoir supporté le flot de décibels imposé par les deux interlocuteurs. D'un côté, le leader du CERPI exprimait son profond mécontentement, de
l'autre le journaliste campait sur ses positions et répondait du tac au tac, passant d'une très courte défensive à l'offensive acerbe. Les
faits, les témoignages étaient accablants à un point tel que toute cette histoire de poltergeist devenait vraiment ridicule... Il allait jusqu'à
évoquer, en cas de demande de droit de réponse, la menace d'une interdiction de publication du livre.
Du côté de la maison d'éditions, on tempérait. Une telle publicité était évidemment négative mais n'impliquait pas forcément l'avenir du livre.
Cela pouvait même s'avérer positif. Par ailleurs, une contre-enquête menée avec des arguments strictement scientifiques serait efficace. Le
directeur se disait prêt à mettre le journaliste au défi de faire interdire le livre. Mais il n'en fit rien et il semble raisonnable de
penser que l'on évitait la polémique avec une chaîne de télévision car celle-ci serait soit stérile soit même contre-productive.
De son côté, Jean-Marie Tesmoing fulminait face à ce qu'il considérait comme un scandale de désinformation indigne d'une chaîne télévisée. Il
maintenait fermement sa position. Il n'était pas le seul.
Le président du CERPI accusa le coup. Une telle déconvenue ne lui était encore jamais arrivée avec un média !
Une page spéciale fut publiée dans le site du CERPI, qui critiquait vertement l'émission. Suite à la réaction virulente de la chaîne, elle
fut retirée afin de ne pas envenimer les choses. Mais on s'attendait bien sûr à ce que les choses n'en restent pas là.
Elles n'en restèrent effectivement pas là, mais - dans l'immédiat - ce fut pis encore !
Sans que l'on puisse établir le moindre rapport avec cette émission, un peu plus tard, le CERPI constata que son site-Web avait été piraté. Le
nombre de pages augmentait alors que l'on supprimait des fichiers. Les réactualisations s'avéraient donc problématiques à long terme car,
inexorablement, le répertoire finirait par atteindre ses limites et l'espace serait saturé. Il devint avéré que le groupement avait subi une
infiltration qui avait permis de franchir les barrières de sécurité. Le site allait devenir progressivement inexploitable en dépit de tous les
efforts.
Parallèlement, on se mit à soupçonner que le téléphone du siège social aurait été placé sur écoute. Nous avions en effet constaté de
récurrentes et quasi systématiques perturbations téléphoniques lors de conversations avec les mêmes correspondants et pratiquement
exclusivement lorsque le sujet d'Arc-Wattripont était abordé. L'opérateur fut consulté à ce sujet et il ne démentait rien. Selon lui,
c'était tout à fait possible !
Comme si ce n'était pas suffisant, le manège de rôdeurs fut signalé au CERPI, lequel semblait subitement placé sous haute surveillance,
peut-être en passe de se faire attaquer physiquement. Il ne s'agissait nullement de paranoïa : des voisins avaient bel et bien averti d'allées
et venues suspectes, de présences indésirables, de voitures aux vitres fumées qui stationnaient, voire de personnes qui tentaient de voir à
l'intérieur de l'établissement, à des heures indues et en parfaite violation de la loi, etc.
Peut-être toujours sans aucun lien de cause à effet, certaines machinations virent le jour, visant encore et toujours à dénigrer le
boss du CERPI, même dans d'autres sphères, sans aucun rapport. Il s'agit notamment de faux témoignages qui furent à deux doigts d'amener les
voies de faits.
La situation était devenue intenable. Mais le CERPI fit le gros dos et commença à trouver des solutions alternatives.
Fort heureusement, le destroyer sérieusement endommagé reçut l'aide attendue de ses renforts sous la forme de plusieurs cuirassés lourds qui
lui permirent de tenir la tête hors de l'eau, juste avant le naufrage, puis de se remettre petit à petit à flots. Jamais attaque contre le
CERPI n'avait été aussi puissante et s'il ne faut pas forcément tout attribuer aux mêmes causes, alors il fallait supposer que la concurrence
avait fait fort, très fort même, ou bien qu'il avait été victime d'un incroyable concours de circonstances, complètement hallucinant !
Le choc avait été rude, le chaos avait mis le combattant K.O. debout ou plutôt groggy. Mais, le CERPI n'était pas mort, ni au tapis et compté.
Il avait été sérieusement ébranlé, mais pas anéanti. L'adversité avait sans doute oublié que le CERPI dispose de puissants alliés, ou bien les
avait-elle sous-estimés.
Il y eut une réunion au sommet lors de laquelle de très importantes
décisions furent prises. Tout d'abord le CERPI allait procéder à un gros "nettoyage par le vide", organiser de monstrueux transferts
informatiques, mettre en œuvre des systèmes de sécurité autrement plus hermétiques. Il allait remonter le courant, trop conscient d'avoir
momentanément perdu le leadership.
Et pour ce qui concernait l'affaire d'Arc-Wattripont, on procéderait au
grand rassemblement des forces. On allait bientôt voir si les enquêtes du CERPI n'étaient que des enquêtes "entre guillemets"... On allait bien
voir qui avait raison et qui était le plus fort ! On allait voir ce qu'on allait voir !
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