Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

La confrontation tant attendue et redoutée… (1)

En se rendant à Seclin, dans sa voiture, MVB passe mentalement en revue tout ce qu’il sait du dossier et certains points lui reviennent en mémoire : la famille chez qui il se rend semble poursuivie par le chiffre 6.
Leur maison se trouve à une élévation de 36 mètres par rapport au niveau de la mer. Soit on le prend comme «trois - six», ce qui donne le nombre fatidique du fameux 666, le nombre de « La Bête », soit comme 6 X 6, ce qui peut aussi s’écrire 2 X(3 X 6), ce qui double donc l’occurrence et pourrait se rapporter à la dualité mère-fille sur un plan strictement ésotérique s’entend.
Les dates de naissance et autres conjonctions de chiffres aboutissent à des résultats semblables.
Sur le plan numérologique strict, on n’obtient pas de résultat significatif et puis, tout cela peut aussi n’être que simples coïncidences…[3]

Plus les kilomètres passent (il y en aura une bonne centaine entre Soignies et Seclin ) plus il tente de se relaxer et de faire le vide. Il ne veut pas arriver avec une idée préconçue, mais il sait, il sent très bien que quel que soit le problème rencontré par cette famille, la confrontation avec la jeune fille sera un élément-clé. Il faudra être extrêmement fin, vif et très psychologue. En fait, il devra tout simplement se surpasser.

Alors qu’il arrive à proximité de l’adresse indiquée, le GPS n’indique rien de particulier, il n’y a aucune défaillance technique ni à l’appareil de localisation ni au véhicule, le téléphone portable fonctionne parfaitement, la boussole a un comportement normal. Mais le nom de la rue fait sourire[4], le numéro aussi, les coïncidences sont frappantes. Il sort ses valises et sonne à la porte.

C’est Monsieur qui vient ouvrir, en torse nu. Il s’excuse poliment, le fait entrer et lui demande de patienter quelques instants pour qu’il puisse terminer sa toilette matinale. L’entrée en matière ne ressemble donc en rien à celle d’un film d’horreur. Madame arrive à son tour alors qu’il déballe lentement ses affaires et la conversation s’engage aussitôt. La maîtresse de maison prend la parole, toujours à un rythme très soutenu, mais comme elle reprend tout depuis le début et lui expose tout ce qu’il sait déjà dans les moindres détails, il l’interrompt poliment et s’enquiert d’Océane.
Là se situe bien le problème. La jeune fille est présente, elle ne s’est nullement débinée, elle termine de s’habiller. Mais on ne peut être certain qu’elle consentira à voir l’enquêteur du CERPI.
Le leader du groupement belge comprend instantanément qu’Océane aime ménager ses effets. Elle se fera attendre afin de mettre les nerfs de son adversaire à rude épreuve car elle sait – et elle « sait que l’on sait » que l’entrevue risque d’être rude. Elle use et abuse donc de tous les atouts qu’elle a dans son jeu : elle est sur son terrain, chez elle, et dispose donc du droit de se faire attendre. Elle peut écouter aux portes et apprendre énormément de choses sur son vis-à-vis pour autant qu’elle soit aussi fine qu’on le dit. Elle peut même l’épier par un trou de serrure et se faire une première opinion, jauger celui qui se présente, celui qui ose affronter la « sorcière ».

Mais l’investigateur ne se laisse pas prendre au jeu et annonce avec détachement : « Il n’y a pas de problème, qu’elle prenne son temps ! » et il ajoute que « de toute façon, il devra se rendre dans toutes les pièces de la maison afin d’en prendre les paramètres. Elle ne pourra pas se cacher toute la journée, ce qui ne serait d’ailleurs pas digne d’une puissante sorcière ».
Si Océane n’écoutait pas aux portes c’était bien imité et, peut-être piquée au vif, elle fait son apparition dans la salle de séjour.
A sa vue, sa mère porte la main à sa bouche puis se cache le visage : l’apparition est incroyablement osée et provocatrice. On est en présence de deux polarités fondamentalement opposées, c'est un peu la rencontre entre deux monstres antagonistes :
D'un côté, le Père Spirituel du CERPI, la force de la nature, tranquille, avec à son actif un prestigieux tableau de chasse d'entités en tous genres, l'éminence grise anti-fantômes par excellence. De l'autre, en apparence c'est une petite fille fragile mais qui paraît décorée comme un sapin de Noël irréel, blindée d'un sex-appeal poussé à l'extrême avec toute la dangerosité que peut représenter une féminité exacerbée. Océane n'a pas hésité à porter, pour ce qui est du noir, le cuir luisant le plus vif qui la moule comme une pin-up de magasine, sauf que celles-ci ont l'air de vulgaires débutantes à côté d'elle. Elle est venue telle qu'elle est : avec toutes ses armes, même et surtout les plus cachées. Pour le reste de sa tenue vestimentaire, c’est une conjonction de rose et de noir, poussée à l’extrême, qui présente le curieux pouvoir de mettre mal à l’aise.
La jeune fille est d’une rare beauté, la beauté du diable, mais son look extravagant fascine. Cette brune aux cheveux de jais n’arbore que le noir et le rose, partout, sans exception : le maquillage outrancier est essentiellement rose avec quelques traits noirs qui soulignent ses yeux, noirs, étincelants, profonds, le regard est à la fois intelligent et glacial. Le vernis à ongles est assorti, un doigt sur deux est noir, l’autre rose. Le regard exercé de l’investigateur remarque instantanément qu’il en va de même pour les orteils qui dépassent des souliers. Roses.

Il y a là un fantastique souci du détail dans l’entrée en scène. Rien n’y manque, ni les lents gémissements du parquet sous les hauts talons dans le silence soudain, ni le déhanchement étudié, ni les effets de lumière, car le cuir et les paillettes brillent de mille feux, lancent de petites étoiles… Pour peu, on croirait l’apparition porteuse de la traditionnelle baguette magique, prête à fonctionner.
La fille se campe face à l’homme qu’elle toise bien qu’il la dépasse d’une tête.
La créature prend la parole. D’une voix ferme et assurée qui contraste avec sa frêle stature, totalement dépourvue de crainte, défiante même, elle néglige les salutations et lance :

« Me voici ! C’est donc vous le chasseur de sorcières, l’adversaire d’une possédée ? »
Elle pouffe, moqueuse, et contient visiblement un ricanement.

« Vous cachez très mal la peur qui vous dévore ! » ajoute t'elle.

Et elle tend la main avec un petit sourire narquois.
Celle-ci disparaît, insignifiante, dans la patte du gorille, mais le rapport de force n'est pas là. Elle n'attaquera bien évidemment pas sur ce terrain où elle n'aurait aucune chance. Elle usera plutôt de subtilité et, en l’occurrence, elle considère déjà la poignée de main consentie par son vis-à-vis, comme une victoire. Elle vient de le prendre au dépourvu, il a cédé au réflexe, machinalement, erreur coupable… Elle le regarde d’un air hautain : il est déjà sa victime, déjà en son pouvoir !

« Vous êtes pathétique, Monsieur Vanbockestal (elle écorche le nom en le prononçant à la française).
Votre nom est mentionné mille fois dans le site du CERPI, avec votre photo et vos caractéristiques principales. Je me doutais bien que vous viendrez personnellement. Votre incognito est éventé et vous savez ce que cela signifie…»

Les secondes qui suivent font des étincelles, des gerbes de flammes, un feu d'artifice ! Les regards se sont croisés, les acteurs se sont jaugés, une méfiance réciproque ou disons "une prudente réserve" se sont installées de part et d'autre, le premier round peut commencer et, apparemment, les choses sont déjà bien mal enclenchées pour le «minable challenger» qui ose défier la sorcière championne toutes catégories...

[3] Le total était indubitablement un multiple de 6 …
[4] Pour des raisons évidentes de confidentialité, nous ne pouvons pas le mentionner. Mais le jeu de mots est flagrant.

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