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Un jour, mon fils (16 ans à l'époque) m'apostropha en m'affirmant avoir pris connaissance d'une
information pour le moins surprenante : "Il y aurait désormais, en Chine, des... bus volants !". Alors chauffeur de bus de profession, vous
imaginez ma tête face à pareille révélation. Des quoi ? Des bus volants ? C'est une blague
ou bien quoi ? Hé bien non ! Car le même fiston devait soutenir avec fermeté ce qu'il avait vu peu de
temps auparavant lors d'une émission télévisée : il existerait bien, dans cet immense pays asiatique, des bus volants ! La Chine ? Un pays qui n'en finit plus et où cela ne vient pas à quelques millions de
personnes. Mais imaginer un bus qui vole ? Cela devient du délire ! Sur la route, un ancien donne ses directives à un nouveau "pilote de bus" : "Attention, ici on
survole la zone 3, surveille ton assiette et maintiens le plafonnier, s'il le faut tu sors les flaps mais pas le parachute arrière.
Méfie-toi parce qu'il y a quelques antennes assez traîtres et là bas une très haute cheminée. (Il prend ses jumelles et regarde par le hublot) :
"Il n'y a personne à l'arrêt, tu peux continuer... Mais pour le suivant, il faudra atterrir..."
Évidemment, pour qui a l'habitude de parcourir monts et vallées au volant de l'un de ces mastodontes sur roues, qu'il vente ou qu'il
pleuve, par beau temps ou sous le déluge, voilà qui a de quoi déconcerter ! On peut concevoir les problèmes de circulation qui
surgissent presque immanquablement dans les centres urbains surpeuplés des grandes agglomérations d'un si vaste pays, (c'est presque un
pléonasme dans le contexte présent), nous avions été avisés d'embouteillages réellement monstrueux dans lesquels des automobilistes
devraient probablement patienter plusieurs jours avant de pouvoir se dégager et l'on pouvait donc aussi imaginer que les autorités prennent
des mesures énergiques, mais de là à imaginer des "bus volants"... et à les mettre en oeuvre, il y a évidemment une marge. Impossible de
ne pas plaisanter sur un tel sujet :
Les Suisses envahissent la Chine ! Ah bon ! Et dans quel hôtel sont-ils descendus ?
Le genre de blagues classiques.
"Mesdames et Messieurs, ici le commandant du bus. D'ici quelques instants nous atterrirons à Quiévrain, veuillez donc attacher vos
ceintures, la température extérieure est de..."
Au JT : "214 victimes dans une terrible collision entre un Boeing 787 et
un bus scolaire au dessus de Saint-Ghislain... Les boîtes noires ont été..."
"...C'est l'émoi, une fois de plus, à la suite d'un nouvel acte de terrorisme dans lequel un bus qui venait de décoller de Mons et
survolait Jemappes a été détourné de sa destination. Les pirates du ciel auraient obligé le pilote du bus à modifier son cap et se
diriger vers Kaboul..."
Il y a
un pas et l'on s'en doute ! Non ! Même si nous avons un retard technologique considérable par rapport aux chinois, ce n'est pas encore demain la
veille que vous devrez paniquer face à la perspective de prendre le bus (et de risquer un crash au milieu du Pacifique), les bus ne s'écraseront
pas de si tôt dans de prestigieux buildings américains, pas plus qu'ils ne feront de longues traînées blanches dans le ciel (éventuellement en tirant des banderoles
publicitaires ou en provoquant des bangs supersoniques). Il n'empêche que c'est bien sous le titre de "bus
volants" que nombreux sont ceux qui se sont exprimés en parlant d'une invention pour le moins ingénieuse, sinon surprenante, issue en droite
ligne de l'ingénierie chinoise. Il s'agit en fait d'appareils de grande taille et plutôt hauts sur pattes qui circulent bel et bien en
touchant le plancher des vaches mais, c'est vrai, en "écartant très fort les jambes". Les "roues" sont situées tellement près du bord de la
chaussée que l'on peut considérer qu'elles font partie des murs des façades. Sauf que ces dernières font partie du bus. Très
étroites, elles s'élèvent jusqu'à deux mètres et viennent soutenir l'habitacle proprement dit, là où se trouvent en fait les passagers.
Or donc, tout se passe comme si ces bus d'un type nouveau circulaient en créant une espèce de tunnel virtuel sous eux, dans lequel les véhicules
standards peuvent rouler comme d'habitude.
Donc, dans un certain sens, c'est vrai, les bus passent bien au-dessus des voitures (et vice versa, tout dépendant de la vitesse relative,
celle du bus étant tout de même limitée à 60 km/h, mais à l'énergie solaire s'il vous plaît !)
Comme on dit dans ces cas-là : c'est simple mais il fallait y penser ! Il fallait aussi surtout l'oser et relever le défi technologique, le
problème de l'investissement lors de la réalisation des infrastructures, etc. Ce n'est pas une mince affaire !
L'image que vous pouvez voir ci-contre illustre bien le système et est issue de la page :
http://www.tdg.ch/node/191336 - qui n'existe plus actuellement) - (les droits ne nous appartiennent donc pas !).
Il y a toutefois de "petits bémols" à signaler pour ceux qui s'imagineraient un peu vite
pouvoir déborder d'enthousiasme. D'abord, ces engins ne sont pas vraiment des bus mais plutôt des trams puisqu'ils circulent sur rails.
Le système de croisement par niveaux superposés est aussi limité à deux mètres, de sorte que camions et autres véhicules plus imposants devront
quand même encore emprunter une troisième voie pour dépasser. Tout ceci implique une infrastructure assez lourde et, en tous cas, des
routes à trois bandes au minimum, avec des arrêts adaptés. Or donc, dans nombre de villes européennes, où de toute façon la
technologie ne sera présente que d'ici quelques années, le système risque fort d'être inadapté, sauf moyennant de très importants travaux.
En finalité, dans nos "petits pays", cela ne sera que très peu envisageable.
Et pour ce qui est de la Belgique, si l'on pouvait déjà avoir des routes et des pistes cyclables correctes, cela ne serait déjà pas si mal !
Article inspiré d'une idée de Jonathan Vanbockestal, correspondant du CERPI.