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Nous commencerons directement par signaler que les
Celtes sont les ancêtres de la plupart des civilisations européennes actuelles.
Les Gaulois, que les Romains appelaient déjà des "Celtes", étaient connus dans
tout l'empire pour être de grands consommateurs de viande et de poissons salés.
C'est que, en effet le sel revêtait pour les Celtes, une grande importance,
voire une importance capitale. Le sel constituait, à cette époque, un moyen
d'échange très recherché et coûteux, en somme il faisait office de monnaie si
l'on peut dire. Il n'était d'ailleurs pas extravagant ni incongru de se faire
payer en sel, même si l'on connaissait déjà la monnaie métallique. Cela
permettait donc aussi les échanges commerciaux et les Celtes ne s'en sont pas
privés !
On ne peut pas parler de l'histoire des Celtes sans mentionner Hallstatt
(littéralement : "la ville du sel"), qui devait sa richesse à ses nombreuses
mines de sel et où l'on a découvert, outre d'innombrables galeries souterraines
datant de l'époque du bronze, des vêtements et des instruments qui servaient
notamment à éclairer les galeries, ainsi que des paniers qui permettaient le
transport. Le sel a également permis la conservation de nombreux outils qui sont
donc parvenus jusqu'à nous.
Les Celtes se caractérisaient aussi par leurs parures somptueuses, faites de
bijoux, d'or ou d'autres métaux richement travaillés. Ils étaient notamment très
fiers de leur orfèvrerie et ne se fiaient qu'aux techniques de leurs très
habiles artisans. Grands commerçants, ils établirent donc des échanges avec les
Grecs via Massilia (Marseille), se divisèrent en de nombreux groupes tels que
les insulaires que l'on retrouve en Grande-Bretagne, en Irlande, en Écosse, les
continentaux qui occupèrent toute l'Europe, à partir de la pointe de la Bretagne
jusqu'aux confins du Danube. On peut donc établir un certain trait d'union entre
les Celtes et les Thraces, les archéologues reconnaissent d'ailleurs une période
de flou, durant laquelle, si on admet sans conteste que les Thraces sont sans
rapport avec les peuples ayant vécu sur ces terres auparavant, il y eut
d'innombrables influences, divisions, mélanges, invasions et arrivées plus ou
moins simultanées de peuplades voisines aux caractéristiques très similaires.
Ainsi, les Thraces présentent une orfèvrerie absolument remarquable qui atteste
de l'influence celte.
Au sujet des langues, il faut tout d'abord faire une parenthèse pour dire que
les premières théories archéologiques considéraient comme "protocelte" la
"culture des urnes" de la fin de l'âge du bronze. C'est-à-dire que ces
populations pratiquaient le rite funéraire de la crémation et de l'enterrement
des cendres dans des urnes en terre cuite. Mais on a ensuite identifié les
premières populations de langue protocelte avec la culture des tertres,
notamment répandue dans le nord de la France entre le XVème et le XIIIème siècle
avant Jésus-Christ. Toutefois, ces hypothèses provoquent des réactions de
scepticisme chez les spécialistes des langues qui ne voient, eux, la langue
protocelte qu'à partir du IXème siècle avant J-C. En tout état de cause, vu
l'énorme diffusion du "celtisme" au travers de toute l'Europe, il n'est guère
étonnant de trouver de nombreuses similitudes au sein de langues actuelles, même
lorsque celles-ci font l'objet d'une classification "fondamentalement opposée"
puisque celle-ci est issue de critères antérieurs.
Malgré cela, il existe des dissensions puisque certains prétendent que le cas du
celtisme insulaire est à traiter séparément, l'appartenance au même groupe
linguistique n'étant pas clairement établie. Le problème réside probablement
dans le fait que, de nos jours, lorsque l'on parle de Celtes, on a trop
facilement tendance à ne voir d'un côté, soit uniquement la Bretagne (qui est
sans conteste un haut lieu du celtisme) et les pays traditionnels de l'Europe du
Nord : France, Belgique, Espagne (Galice), Italie, peut-être la Suisse (il
existe, en ce qui concerne les Helvètes, certaines distinctions dont se servent
les linguistes pour étayer leurs hypothèses contradictoires), soit de l'autre,
l'actuelle Angleterre, l'Écosse, l'Irlande et le Pays de Galles, ces derniers se
manifestant par leurs remarquables alignements de menhirs, leurs dolmens ou
autres édifices ou traces difficiles à expliquer. (Stonehenge, Carnac).
De même, un projet du Ministère de la Culture croate a permis au public de visiter à la Bibliothèque royale de Belgique une exposition dont le titre est "Trois écritures, trois langues" où il était question de l'intervention des moines Cyrille et Méthode, du glagolitique, du slavon et du latin.
Mais pour en terminer avec notre sujet des Celtes
continentaux, disons encore qu'ils se caractérisaient par leur vocation
guerrière comme en attestent les nombreux casques et épées, armes de combat en
tous genres qui furent retrouvés dans des tombes des derniers siècles du IIème
millénaire, vers la fin de l'âge du bronze. On a découvert que les métaux
d'Europe centrale et notamment le cuivre, étaient déjà utilisés par les ancêtres
des Celtes. On a aussi trouvé de nombreuses cachettes d'objets en bronze. Au
chapitre des découvertes, citons encore les vaisselles métalliques pour le vin
et la bière, un goût prononcé pour la dive bouteille que ne renient pas les
générations contemporaines !
L'agriculture et les exploitations minières étaient contrôlées par les
aristocraties militaires en conflit entre elles pour l'utilisation des terres et
des routes commerciales. Or donc, de tous temps, les populations qui ont habité
nos régions n'ont pu s'entendre, se sont par conséquent divisées et affrontées
ce qui a contribué, bien entendu, à leur affaiblissement. D'aucuns prétendent en
effet que les Gaulois ne durent leur défaite finale, en dépit de leur bravoure
légendaire attestée par Jules César lui-même, face à l'envahisseur romain (sauf
peut-être un village fortifié qui résiste, encore et toujours...) à ces
divisions et conflits internes. Force est de constater que, de nos jours, cela
n'a malheureusement guère changé, "une fois" !
Toutefois, grâce à la rencontre des riches marchands avec les colonies grecques
et étrusques, les Celtes ont appris les principales techniques de construction :
les remparts en pierre (anciennement en terre), les routes orthogonales, et
l'utilisation de la pierre et de la brique dans les maisons privées. De la même
façon, ils ont adopté la monnaie.
Les historiens Hécatée de Milet (deuxième moitié du VIème siècle) et Hérodote (Vème
siècle) ont appelé Keltaï (d'où la dénomination Celtes) l'univers des premières
villes et formations politiques d'Europe centrale, au-delà des Alpes, entre le
Danube à l'Est et les Pyrénées à l'ouest. Pour les archéologues, cet espace
géographique correspond, à l'époque d'Hérodote, à la "culture de la Tène". Elle
s'étend sur la France, une partie de l'Allemagne et de la Suisse, le nord de
l'Autriche, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie
Dans le groupe des Celtes continentaux (nous
parlerons plus loin des Celtes insulaires), on parlait trois langues : le
Gaulois, le Lépontien et le Celtibère, comme le prouvent des inscriptions et des
sources littéraires du Ier siècle avant J-C, des noms propres et des pièces de
monnaie. Juste un mot du groupe insulaire malgré tout, mais uniquement pour dire
que celui-ci comprenait des langues qui sont encore parlées de nos jours en
Bretagne, en Grande-Bretagne et en Irlande par quelque trois millions et demi de
personnes.
Enfin, les descriptions laissées par les auteurs classiques présentent les
guerriers celtes comme des hommes de grande taille, à la peau claire et portant
des cheveux naturellement blonds, dont la blondeur était encore accentuée par de
fréquents lavages dans de l'eau de chaux. (Parce qu'ils le valaient bien !) Ah
mon Dieu (c'est le cas de le dire !) j'allais oublier: les celtes adoraient tout
un panthéon encore mal défini à l'heure actuelle : Lug était le dieu de la
fertilité dans les régions espagnoles, françaises et allemandes. Ce dieu
répondait au nom de Samildanach pour les Irlandais (pour autant que le réseau ne
soit pas encombré) qui était considéré comme protecteur des arts.
Taranis, Esus et Teutalès (Toutatis ?) ont leurs semblables romains sous les
noms de Jupiter, Mars et Mercure. Taranis exigeait des offrandes humaines et on
brûlait des victimes au creux de troncs d'arbres. Les sacrifiés de Teutalès
étaient noyés. Esus était le plus bienveillant et ne demandait pas de sacrifices
mais les rites qui l'honoraient, eux, étaient sanglants. Gobanon (en Gaule) et
Goibniu (en Irlande) - on retrouve donc encore la similitude des langues, même
alors ! - étaient les deux appellations du Vulcain romain, le dieu forgeron.