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La banshee, appelée également bean-sidhe est un être fantastique irlandais et écossais ou milloraine en Normandie (dictionnaire de Magène). C'est une dégénérescence d'une déité de la mythologie celtique, la Bansidh. Initialement, c'est une messagère de l'Autre Monde (le Sidh), elle sert d'intermédiaire entre les dieux des Tuatha Dé Danann et les hommes. La christianisation a dégradé son rôle pour la reléguer, dans le folklore, au niveau des fées, des sorcières et des fantômes.
Ses hurlements (appelés Keening) annonceraient une mort prochaine, mais on peut la voir aussi lavant du linge ensanglanté au bord d'une rivière.
Chaque grande famille irlandaise avait sa propre banshee. Celle-ci suivait la famille si elle déménageait dans un autre pays. À l'origine, entendre son hurlement signifiait la mort d'un membre de la famille ; plus tard, c'est la personne qui entendait la banshee qui mourait dans un avenir proche. Si une sorcière entend ces hurlements elle devient elle-même une banshee. Les clans écossais avaient généralement une
banshee pour trois.
Nous maintiendrons envers et
contre tous notre point de vue selon lequel la plupart des témoignages à propos
des dames blanches auto-stoppeuses ont fait l'objet d'affabulations et qu'ils
découlent d'exagérations ou d'inventions pures et simples. Mais nous
dirons, pour rester fidèle à la conception des légendes, qu'il y a malgré tout
des entités qui "sévissent" sporadiquement sur les routes françaises (nous
rejoignons donc en cela aussi l'avis de Mme M.L). Cependant, le nombre de cas
réels, entendons par là de témoignages réellement relatifs aux agissements de
véritables entités, est beaucoup plus faible que ce que l'on veut nous faire
croire.
Tout comme dans l'affaire de la chute Montmorency, ces entités sont représentées
avec la blancheur comme particularité principale, d'où leur nom de "dames
blanches", non pas parce qu'elles sortent d'une quelconque boîte de nuit où
elles désiraient faire de l'effet en raison des jeux de lumière (noire), mais
bien parce que ces jeunes filles venaient de se marier où allaient se marier de
manière imminente. Dans un cas comme dans l'autre, le rapport avec le
symbolisme du blanc est évident : la blancheur de la robe de la mariée et/ou le
symbolisme de la virginité ou de la pureté dans le blanc. Ajoutez à cela
aussi une petite note locale (régions enneigées, pleines verglacées, cols
embrumés pour faire plus blanc que blanc et le tour est joué. Voilà pour
ce qui est de l'apparence et de la tenue vestimentaire, laquelle peut varier
d'un cas à l'autre mais où les nuances claires sont privilégiées.
Pour ce qui est de leur rôle lors des apparitions, les choses sont un peu plus
complexes. Il faut tout d'abord savoir que le druidisme celtique ne
reconnaît pas la notion de péché, ni les concepts d'enfer ou de paradis comme
dans le christianisme, mais seulement la notion de "paix". Cela s'avère
évidemment difficile à appréhender dans nos entendements souvent fondés sur le
judéo-christianisme, d'autant que de nos jours encore on prétend que les
suicidés n'ont pas droit au repos éternel (cela a changé entre temps !), du moins pas avec les mêmes latitudes
que les individus qui seraient décédés en dehors de leur propre chef. Mais
le christianisme, dans sa lutte effrénée contre le paganisme et tout ce qui
était jugé comme hérétique a bien souvent détourné les écritures et même
certains panthéons pour les mettre à la sauce chrétienne. Ainsi les banshees, décrites comme ayant un rôle funeste car annonciatrices de mort, sont
mal interprétées dans leurs agissements. Elles poussent des cris perçants
(ce qui n'est mentionné dans aucun témoignage français) mais ces cris sont-ils à
entrevoir comme des avertissements ou des plaintes anticipées quant à la douleur
provoquée par le déchirement familial, puisque ces entités font partie quasi
intégrante des clans familiaux importants ? Dans le premier cas, il
s'agirait d'une méthode préventive susceptible de modifier favorablement le
funeste destin (nous verrons d'ailleurs à ce propos que, grâce à certaines de
nos expériences personnelles ainsi qu'à certains points de vue philosophiques ou
religieux, le destin n'existe pas !) et donc d'un avertissement, ce qui est
plutôt positif : il s'agit d'un garde-fou. Dans le second cas, il s'agit d'une
participation au chagrin et le rôle de la banshee n'est donc pas négatif non
plus, puisqu'il y a absence de préjudice et compassion. La légende a donc
déformé les choses pour donner un aspect terrifiant à la banshee que rien ne
justifie, sinon le besoin de fantastique. (Rappelons à ce sujet que, dans
certains cas, on menaçait les enfants qui n'étaient pas sages de faire venir la
dame rouge - et que cette même dame rouge est assimilable à la dame blanche, il
est toutefois vraisemblable que dans la psychologie enfantine le rouge soit plus
inquiétant accolé au mot "dame" que le blanc qui fait plutôt "dessert"...).
Les banshees tenteraient donc plutôt désespérément d'empêcher que des semblables
ne connaissent un sort tragique similaire à celui qu'elles ont pu connaître de
leur vivant.
Mais la comparaison ne s'arrête pas là ! On l'a vu, les banshees sont
étroitement liées aux familles auxquelles elles appartiennent. Or, que
deviennent-elles si d'aventure ces familles viennent à être dissolues,
anéanties ? Leur rôle s'arrête t-il là ipso facto où entrent t-elles dans
une errance sans fin à la recherche d'autres personnes à protéger ? Nous
avons de fortes raisons de croire que le temps dans l'au-delà n'a pas du tout la
même valeur que dans notre monde et à en juger par la dispersion géographique,
la persistance du phénomène au travers des siècles, ceci tend à confirmer cela.
Nous devrions donc retenir la seconde hypothèse. Ce point, doublé de
l'émigration et des brassages ethniques, le développement des communications
internationales et l'ouverture du tunnel sous la Manche, serait de nature à
permettre de comprendre l'arrivée de ces entités dans l'hexagone (et avec elle
la surprise et l'incompréhension des indigènes).
En procédant ainsi, il est assez facile d'imaginer que les banshees tenteraient
de rejoindre un milieu aussi semblable à celui qu'elles ont précédemment connu
que possible, des circonstances proches. Or donc, que peuvent t'elles
faire d'autre que de solliciter des personnes issues de familles aisées (ou en
apparence tout du moins), circulant donc à bord de voitures confortables et
spacieuses, des personnes se déplaçant en couples et envisageant éventuellement
le mariage ?
Pour séduisantes que puissent être ces hypothèses, cela n'en
demeure pas moins toujours des hypothèses, basées sur des légendes qui plus est !
Et nous n'avons toujours pas tout expliqué non plus.
Nous pensons qu'il serait vain de vouloir à tout prix que ces dames blanches ou
banshees soient d'origine celtique ou insulaire. Nous pensons qu'il y a un
gros amalgame dans l'esprit populaire, comme parfois dans le christianisme et
que tout ceci prête facilement à confusion. En effet, si l'on consulte le
dictionnaire franco-normand à la lettre "m", on trouve vite la synonymie entre
dame blanche et milloraine (dont on parlait plus haut). Milloraine serait
donc un mot typiquement français pour désigner la même entité (et nous ne
pouvons pas nous empêcher de souligner l'allusion au mot Mylord en guise de clin
d'oeil !)
Voyons ce qu'il y est dit :
Milloraine : Femmes de très grande taille, qui pouvaient disparaître dans les arbres dès qu'on les approchait, mais ce faisant faisaient (!) un bruit infernal. Il arrivait qu'elles grimpent dans les branches et se laissent tomber sur les voyageurs. Ceux-ci se sentaient écrasés par un poids énorme, mais ne pouvaient voir la milloraine, ni la toucher.
Il n'est pas certain que les milloraines descendent des fées. Elles ne sont peut-être bien qu'une création locale, une interprétation genre "revenant", ou simplement le "poids" que ressentent ceux qui tombent malades dans une forêt froide et humide.
Ou encore :
Milloraine (1) :
Milloraine est une dame blanche très très craintive, douce et gentille. Mais dès qu'elle aperçoit quelqu'un, elle s'enfuit dans un grand courant d'air. Pour pouvoir lui parler, il faut savoir l'apprivoiser en revenant tous les jours au même endroit pendant huit ans (Manche).
On le voit, l'esprit populaire a souvent du mal à distinguer le caractère des entités et nous croyons pouvoir nous faire le porte-parole de Mme M.L pour rappeler que les entités conservent dans l'au-delà le caractère qu'elles avaient de leur vivant. Il en existe donc de bonnes et de moins bonnes ! Par contre, si l'on fait abstraction de cette sacro-sainte tendance à toujours vouloir attribuer des chiffres symboliques (passer sous une échelle vaut 7 ans de malheur par exemple), on constate aussi le caractère répétitif qui se prête aux observations. Les usagers de la route qui circulaient là où ils ont aperçu la dame blanche avaient l'habitude d'y passer chaque semaine, voire quotidiennement peut-être. Ils ont donc involontairement été à la base de la réunion de tous les éléments indispensables à l'apparition de la dame blanche.
Que reste t'il à dire à propos de ces dames blanches qui nous
en auront décidément fait voir de toutes les couleurs ? Nous pensons
pouvoir répondre "pas grand chose" car il nous semble avoir fait le tour du
sujet. Ce sont sans doute les influences légendaires qui auront contribué
à colporter de prétendues apparitions, sur base de ce qui a pu se raconter de
bouche à oreille, les "on dit". L'imagination, le besoin de fantastique,
celui de se rendre intéressant sans doute aussi en certaines occurrences et la
propension qu'à ce genre de rumeurs à s'amplifier et à trouver miraculeusement
des alter ego aux quatre coins du monde auront fait presque tout le reste.
Mais il subsiste quelques cas isolés (qui viennent rallumer la flamme de la
grande majorité d'olibrius qui racontent n'importe quoi !) de cas réels, rares
mais authentiques, dans lesquels des âmes errantes (ou des anges gardiens ?)
viennent protéger les humains contre un événement qui a provoqué leur perte.
Que la blancheur de ces dames soit à mettre en rapport avec la proximité d'un
mariage, la nécessité du port de vêtements clairs, une mode, un suaire ou autre
chose importe finalement assez peu : cela a surtout pour effet de trancher dans
la nuit et de rendre les impressions frappantes, tout comme les traditionnels
fantômes (qui ne répondent pas toujours à cette caractéristique, rappelons-le
une fois encore !). Dans les cas où des mariages seraient effectivement
envisagés (ce qui rendrait donc l'intervention des dames blanches encore plus
opportunes) on pourrait toujours évoquer l'influence ou l'intermédiaire du divin
qui aurait tendance à s'opposer à ce qu'un sacrement ne puisse avoir lieu,
principalement si le contexte est constitué d'Amour pur, de sincérité, etc.
Mais le CERPI ne peut souscrire à cette seule vision. En faisant
abstraction de convictions personnelles qui n'ont pas leur place ici, nous
aimons mieux la neutralité celtique dans laquelle certains humains et certaines
entités oeuvrent ensemble à une même paix, la paix de Sidh.
Car que serait un futur ex-conjoint ayant perdu sa moitié, sinon une âme
errante, en peine, une sorte de banshee de ce monde ?
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