The others - l'avis du CERPI

Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

The others (les autres) - L'avis du CERPI

Bien que très sobre, The Others est aussi un film très efficace. Et malgré qu'il reprenne un thème déjà mille fois abordé, il suscite plusieurs questions dont certaines sortent quelque peu de l'ordinaire :

Est-il possible de mourir sans s'en rendre compte ?
Les fantômes ont-ils (ou peuvent-ils) avoir une substance matérielle ?
Peut-on être un fantôme qui s'ignore ?
Peut-on encore percevoir des sensations après la mort ?

Est-il possible de mourir sans s'en rendre compte ?

Il n'est nul besoin d'épiloguer longtemps sur cette question à laquelle on peut répondre sans hésiter par l'affirmative. Tous les décès ne surviennent effectivement pas au terme d'une longue maladie qui permet à la victime d'entrevoir sa fin à plus ou moins brève échéance. Une personne qui se trouve sur les lieux d'une explosion et qui est instantanément mise en pièces a peu de chances de s'apercevoir qu'elle meurt. Dans certains cas, des gens ont été "guillotinés" sur place (chute d'une feuille de verre, d'une plaque de métal, etc.) alors que rien ne laissait supposer que cela allait se produire. En cherchant un peu, on pourrait trouver d'autres exemples dans lesquels la mort survient brutalement, accidentellement, sans signe précurseur. Mais cette question en amène une autre, plus précise :

Est-il possible d'évoluer dans un état de conscience alors que l'on est déjà mort ?

Cette question s'avère déjà plus délicate ! En effet, bien rares sont ceux qui ont pu en attester, le confirmer ou l'infirmer.
Nous avons cité le cas des personnes guillotinées et nous allons, si vous le voulez bien, nous y attarder. Lors de l'utilisation de la guillotine dans le cadre d'une sentence, la mort est supposée survenir très rapidement, le passage de la lame est très rapide et le corps, privé de sa partie capitale (c'est le cas de le dire !) ne peut évidemment survivre dans ces conditions. Lors des exécutions de jadis, la tête ainsi sectionnée chutait dans une corbeille ou s'en allait rouler plus macabrement un peu plus loin.
Toutefois, si un médecin diagnostiquerait très probablement immédiatement le décès, il est très probable que, pendant quelques instants encore, relativement (ou très) courts n'en doutons pas, le cerveau et le système nerveux travaillent encore. Cela nous amène à une autre question :

Peut-on encore percevoir des sensations après la mort ?

Le cerveau va bien sûr immédiatement se rendre compte qu'il est confronté à une situation d'extrême urgence : la respiration est compromise, l'oxygène ne lui parvient plus, les ordres n'arrivent plus non plus à leurs destinataires, l'irrigation sanguine est défaillante. L'activité cérébrale sera probablement très intense, chaotique et désordonnée, les ordres donnés seront désespérément inutiles mais l'organe, poussé par l'instinct de survie, n'aura de cesse de tenter de stabiliser les choses tant que cela lui sera possible. Évidemment, il disposera de très peu de temps et toutes ses tentatives seront irrémédiablement vouées à l'échec mais, on le voit, il y aura encore une activité cérébrale malgré tout.
De ce fait, on peut prétendre que, si les yeux sont demeurés ouverts, des images parviennent encore à l'individu. Il s'agira d'images très désordonnées et de très courte durée, mais il est possible qu'il y en ait encore et que, par conséquent, dans cette étrange agonie, le mis à mort guillotiné puisse encore apercevoir des témoins (peut-être à l'envers en fonction de la position de la tête).
En revanche, dans le cas présent, on peut également prétendre que ces dernières sensations visuelles soient de très courte durée car le cerveau devrait aussi, dans de telles conditions extrêmes, "déconnecter" comme il le fait lors de syncopes qui surviennent quand, par exemple, une souffrance trop importante est ressentie. Par ailleurs, l'absence d'oxygène et d'irrigation sanguine compromettra très rapidement la poursuite des perceptions.
Dans le cas du film, la mort survient, chez les enfants, par asphyxie et par balle pour la mère. Chez les enfants, la mort ayant été provoquée à l'aide d'un oreiller, outre la peur panique subie, on conçoit que les perceptions visuelles aient été réduites à leur plus simple expression mais que les victimes ont tout à fait eu le temps de comprendre qu'ils (était occupés de) allaient mourir. Pour autant que l'on puisse accepter l'idée d'une mémoire post mortem, les enfants devaient donc théoriquement savoir qu'ils étaient morts et c'est peut-être là qu'il faut trouver l'invraisemblance du film. Cela se retrouve dans les assertions des trois domestiques qui sont supposés avoir succombé à la tuberculose. Par contre, en ce qui concerne Nicole Kidman, alias la mère et maîtresse des lieux, le fait d'avoir subitement reçu une balle en plein front a du entraîner une mort instantanée sans guère d'espoir quant à d'ultimes perceptions sensorielles. En effet, dans ce cas le cerveau étant lui-même directement atteint, la première théorie n'est plus d'application.
Il reste que très peu de gens ont pu décrire avec précision ce qu'ils ont ressenti quand ils sont morts !
Pourtant, là encore, cette prétendue vérité ne semble pas parfaitement exacte comme en attestent les expériences du docteur Raymond Moody, lequel a relaté d'abondance les témoignages de personnes qui ont été déclarées cliniquement mortes et qui sont cependant revenues à la vie.

Les fantômes ont-ils (ou peuvent-ils) avoir une substance matérielle ?

Cette question peut sembler farfelue a priori. Si les fantômes pouvaient avoir une substance matérielle, cela se saurait ! Cela se remarquerait, cela entrerait aussi en contradiction avec leurs facultés de passe murailles sans compter les autres implications selon lesquelles les fantômes pourraient bien sûr avoir des contacts physiques avec les vivants ! Tout cela nous paraît de prime abord tellement déboussolant, tellement inconcevable que l'on a tendance à rejeter cette hypothèse sans autre forme de procès.
Or, au vu du film, il semble malgré tout que ce soit le cas. En effet, lorsque Nicole Kidman rencontre son mari, tout laisse supposer qu'ils sont tout deux parfaitement matériels. Ne vont-ils pas jusqu'à s'enlacer, s'embrasser, faire l'amour et d'ailleurs, rien que le fait de pouvoir parler suppose l'existence des "moyens matériels" pour articuler une conversation, provoquer les vibrations sonores que nous émettons lorsque nous parlons, au moyen de la bouche, la langue, etc. Seulement voilà, on sait aussi que ce n'est qu'un film !
Et dans ce film, le spectateur attentif constatera qu'il n'y a que très peu de contacts physiques entre fantômes et non-fantômes. En fait, en y regardant de plus près, il n'y en a même aucun : Nicole Kidman, la mère, est un fantôme qui s'ignore. Il en va de même pour ses enfants. Les domestiques sont eux-mêmes des fantômes. Quant au mari, il est facile de deviner que celui-ci est également mort. Il n'y aura aucun contact non plus avec les "intrus" lors de la séance de spiritisme, la mère ne touchant que les papiers et non les personnes !
En conséquence de quoi, en se basant sur la théorie filmographique (que nous nous garderons bien de généraliser et d'avaliser !) on devrait alors dire que les fantômes ont une substance "matérielle" mais probablement uniquement entre eux. Entre fantômes, tout semble donc se passer comme du temps de leur vivant.
Dans ce cas, si l'on reprend le postulat selon lequel ils sont néanmoins immatériels par rapport aux vivants, comment peut-on expliquer que l'actrice principale (et d'ailleurs les autres aussi) peuvent agir sur les objets de la maison ? (la lampe à pétrole, la porte, livres et cahiers, les tentures, etc.). Serait-ce là la deuxième invraisemblance du film ?
Pas forcément ! Si on admet que, lors de la mort d'un individu, il y ait dissociation entre le corps physique et une entité que l'on nomme communément âme, que l'on pourrait éventuellement assimiler à l'aura (plus scientifique) et si, comme nous le supposons, cette entité est notamment composée d'énergie (électrique, magnétique, vibratoire, lumineuse, , potentielle, hybride ?), nous n'avons plus de peine à imaginer, tout comme il ressort de certains témoignages d'apparitions de fantômes, que cette énergie soit capable d'influencer, d'agir sur la matière. Cette théorie aurait pour conséquence de pouvoir expliquer les gifles reçues de "mains fantômes" dans le cas du presbytère de Borley, les déplacements d'objets "sans intervention humaine", les tables tournantes et autres manifestations du même genre.
Mais tout ceci n'est que théories et suppositions...

Peut-on être un fantôme qui s'ignore ?

Nous l'avons vu, il est possible de passer de vie à trépas sans s'en rendre compte. Nous n'avons pas trop de mal à admettre que l'individu puisse encore percevoir certaines sensations sensorielles après son "décès" (il faut remarquer à ce sujet que la définition même de la mort n'est toujours pas scientifiquement établie dans des termes pleinement acceptables et valables dans tous les cas). Toutefois, nous pouvons difficilement concevoir que ce phénomène puisse subsister longtemps. D'après les expériences du docteur Raymond Moody, les personnes cliniquement mortes ont relaté des événements qui dénotent toutefois des sensations (principalement visuelles) qui surviennent relativement longtemps après la déclaration du décès. Celles-ci sont cependant tellement vives et laissent de telles traces sur le vécu des patients qu'il est quasiment impossible d'admettre qu'on les oublie. L'ensemble des expériences en question met en évidence une similarité remarquable dans les témoignages et, de cette façon, on peut se hasarder à croire que les choses se passent toujours de la même façon. Dans ce cas, la réponse à la question semble être négative. Trop d'éléments semblent de nature à instruire l'individu sur sa nouvelle condition de défunt, lui en donner "conscience". Mais, justement, peut-on donc encore parler de mort s'il y a conscience ? Et si l'on envisage le passage d'un état à l'autre comme définitif et clairement établi, le fait d'évoluer à présent dans un contexte très différent, régit éventuellement (et fort probablement) par d'autres lois, ayant d'autres conséquences, etc. cette différence n'est-elle pas elle-même de nature à éclairer le sujet sur son nouvel état ?
On pourrait pourtant épiloguer longtemps sur le sujet sans aboutir à une conclusion finale convaincante.
Il faut malgré tout faire remarquer que ces mêmes expériences du docteur Raymond Moody mettent en évidence tout un lot d'émotions assez déconcertantes. Ainsi par exemple, les sujets ne décident-ils de réintégrer leur enveloppe charnelle qu'à contre cœur, ils sont décontenancés par leur nouvelle "forme de vie", le "choc psychologique" de l'événement et en même temps émerveillés et bien plus attirés par le "nouveau monde qui les héberge" que par celui dans lequel ils évoluaient auparavant. Il est évidemment très difficile d'imaginer ce qui se passe par la suite, mais on peut envisager un désintérêt rapide pour l'ancienne existence et une immense attraction pour la nouvelle, laquelle exige peut-être un apprentissage urgent. Tout ceci peut donc amener à un détachement plus ou moins prononcé pour les choses de la vie antérieure auquel succéderait une amnésie plus ou moins profonde. Et dans ce cas, on pourrait répondre à la question par l'affirmative.
Or donc, seule la multiplication des expériences, la récolte de témoignages, leur étude et leur interprétation permettront peut-être un jour d'en savoir plus.
A un niveau indirect, le film pose d'autres questions : que dire du monde des fantômes lorsque l'on sait que ceux-ci peuvent encore ressentir la douleur (Nicole Kidman se pique à une aiguille, reçoit une porte en pleine figure, a les mains glacées lorsqu'elle quitte le manoir dans le brouillard...), la peur (des fantômes, le comble !), la crainte de la mort, pour elle et pour ses enfants (Il y a là une certaine logique puisque ces gens ignorent qu'ils le sont déjà !)
S'il n'y avait pas eu de brouillard ou que la mère avait finalement pu gagner le village pour contacter le curé afin qu'il bénisse la maison, qu'aurait-elle trouvé : d'autres fantômes ? Les gens ne l'auraient-ils tout simplement pas vue et aurait-elle donc alors compris ?
Puisqu'elle rencontre son mari dans le brouillard et qu'ils se reconnaissent, n'y a t'il pas une incompatibilité au niveau de la "conscience" que nous abordions précédemment et s'ils ne s'étaient pas reconnus, comment aurait-on du interpréter cela ?
Et puisqu'ils ont fait l'amour, tant qu'on y est, les fantômes peuvent-ils avoir des enfants ?
Les fantômes auront-ils bientôt aussi le droit à l'adoption en Belgique ?
Mais qu'est-ce que j'en sais à la fin, je ne suis pas mort, moi !
Enfin, je ne crois pas...

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