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Est-il possible de mourir sans s'en rendre compte ?
Les fantômes ont-ils (ou peuvent-ils) avoir une substance matérielle ?
Peut-on être un fantôme qui s'ignore ?
Peut-on encore percevoir des sensations après la mort ?
Est-il possible de mourir sans s'en rendre compte ?
Il n'est nul besoin d'épiloguer longtemps sur cette question à laquelle on peut répondre sans hésiter par l'affirmative. Tous les décès ne surviennent effectivement pas au terme d'une longue maladie qui permet à la victime d'entrevoir sa fin à plus ou moins brève échéance. Une personne qui se trouve sur les lieux d'une explosion et qui est instantanément mise en pièces a peu de chances de s'apercevoir qu'elle meurt. Dans certains cas, des gens ont été "guillotinés" sur place (chute d'une feuille de verre, d'une plaque de métal, etc.) alors que rien ne laissait supposer que cela allait se produire. En cherchant un peu, on pourrait trouver d'autres exemples dans lesquels la mort survient brutalement, accidentellement, sans signe précurseur. Mais cette question en amène une autre, plus précise :
Est-il possible d'évoluer dans un état de conscience alors que l'on est déjà mort ?
Cette question s'avère
déjà plus délicate ! En effet, bien rares sont ceux qui ont pu en
attester, le confirmer ou l'infirmer.
Nous avons cité le cas des personnes guillotinées et nous allons, si
vous le voulez bien, nous y attarder. Lors de l'utilisation de la
guillotine dans le cadre d'une sentence, la mort est supposée survenir
très rapidement, le passage de la lame est très rapide et le corps,
privé de sa partie capitale (c'est le cas de le dire !) ne peut
évidemment survivre dans ces conditions. Lors des exécutions de jadis,
la tête ainsi sectionnée chutait dans une corbeille ou s'en allait
rouler plus macabrement un peu plus loin.
Toutefois, si un médecin diagnostiquerait très probablement
immédiatement le décès, il est très probable que, pendant quelques
instants encore, relativement (ou très) courts n'en doutons pas, le
cerveau et le système nerveux travaillent encore. Cela nous amène à une
autre question :
Peut-on encore percevoir des sensations après la mort ?
Le cerveau va bien sûr
immédiatement se rendre compte qu'il est confronté à une situation
d'extrême urgence : la respiration est compromise, l'oxygène ne lui
parvient plus, les ordres n'arrivent plus non plus à leurs
destinataires, l'irrigation sanguine est défaillante. L'activité
cérébrale sera probablement très intense, chaotique et désordonnée, les
ordres donnés seront désespérément inutiles mais l'organe, poussé par
l'instinct de survie, n'aura de cesse de tenter de stabiliser les choses
tant que cela lui sera possible. Évidemment,
il disposera de très peu de temps et toutes ses tentatives seront
irrémédiablement vouées à l'échec mais, on le voit, il y aura encore une
activité cérébrale malgré tout.
De ce fait, on peut prétendre que, si les yeux sont demeurés ouverts,
des images parviennent encore à l'individu. Il s'agira d'images très
désordonnées et de très courte durée, mais il est possible qu'il y en
ait encore et que, par conséquent, dans cette étrange agonie, le mis à
mort guillotiné puisse encore apercevoir des témoins (peut-être à
l'envers en fonction de la position de la tête).
En revanche, dans le cas présent, on peut également prétendre que ces
dernières sensations visuelles soient de très courte durée car le
cerveau devrait aussi, dans de telles conditions extrêmes, "déconnecter"
comme il le fait lors de syncopes qui surviennent quand, par exemple,
une souffrance trop importante est ressentie. Par ailleurs, l'absence
d'oxygène et d'irrigation sanguine compromettra très rapidement la
poursuite des perceptions.
Dans le cas du film, la mort survient, chez les enfants, par asphyxie et
par balle pour la mère. Chez les enfants, la mort ayant été provoquée à
l'aide d'un oreiller, outre la peur panique subie, on conçoit que les
perceptions visuelles aient été réduites à leur plus simple expression
mais que les victimes ont tout à fait eu le temps de comprendre qu'ils
(était occupés de) allaient mourir. Pour autant que l'on puisse accepter
l'idée d'une mémoire post mortem, les enfants devaient donc
théoriquement savoir qu'ils étaient morts et c'est peut-être là qu'il
faut trouver l'invraisemblance du film. Cela se retrouve dans les
assertions des trois domestiques qui sont supposés avoir succombé à la
tuberculose. Par contre, en ce qui concerne Nicole Kidman, alias la mère
et maîtresse des lieux, le fait d'avoir subitement reçu une balle en
plein front a du entraîner une mort instantanée sans guère d'espoir
quant à d'ultimes perceptions sensorielles. En effet, dans ce cas le
cerveau étant lui-même directement atteint, la première théorie n'est
plus d'application.
Il reste que très peu de gens ont pu décrire avec précision ce qu'ils
ont ressenti quand ils sont morts !
Pourtant, là encore, cette prétendue vérité ne semble pas parfaitement
exacte comme en attestent les expériences du docteur Raymond Moody,
lequel a relaté d'abondance les témoignages de personnes qui ont été
déclarées cliniquement mortes et qui sont cependant revenues à la vie.
Les fantômes ont-ils (ou peuvent-ils) avoir une substance matérielle ?
Cette question peut
sembler farfelue a priori. Si les fantômes pouvaient avoir une substance
matérielle, cela se saurait ! Cela se remarquerait, cela entrerait aussi
en contradiction avec leurs facultés de passe murailles sans compter les
autres implications selon lesquelles les fantômes pourraient bien sûr
avoir des contacts physiques avec les vivants ! Tout cela nous paraît de
prime abord tellement déboussolant, tellement inconcevable que l'on a
tendance à rejeter cette hypothèse sans autre forme de procès.
Or, au vu du film, il semble malgré tout que ce soit le cas. En effet,
lorsque Nicole Kidman rencontre son mari, tout laisse supposer qu'ils
sont tout deux parfaitement matériels. Ne vont-ils pas jusqu'à
s'enlacer, s'embrasser, faire l'amour et d'ailleurs, rien que le fait de
pouvoir parler suppose l'existence des "moyens matériels" pour articuler
une conversation, provoquer les vibrations sonores que nous émettons
lorsque nous parlons, au moyen de la bouche, la langue, etc. Seulement
voilà, on sait aussi que ce n'est qu'un film !
Et dans ce film, le spectateur attentif constatera qu'il n'y a que très
peu de contacts physiques entre fantômes et non-fantômes. En fait, en y
regardant de plus près, il n'y en a même aucun : Nicole Kidman, la mère,
est un fantôme qui s'ignore. Il en va de même pour ses enfants. Les
domestiques sont eux-mêmes des fantômes. Quant au mari, il est facile de
deviner que celui-ci est également mort. Il n'y aura aucun contact non
plus avec les "intrus" lors de la séance de spiritisme, la mère ne
touchant que les papiers et non les personnes !
En conséquence de quoi, en se basant sur la théorie filmographique (que
nous nous garderons bien de généraliser et d'avaliser !) on devrait alors
dire que les fantômes ont une substance "matérielle" mais probablement
uniquement entre eux. Entre fantômes, tout semble donc se passer comme
du temps de leur vivant.
Dans ce cas, si l'on reprend le postulat selon lequel ils sont néanmoins
immatériels par rapport aux vivants, comment peut-on expliquer que
l'actrice principale (et d'ailleurs les autres aussi) peuvent agir sur
les objets de la maison ? (la lampe à pétrole, la porte, livres et
cahiers, les tentures, etc.). Serait-ce là la deuxième invraisemblance
du film ?
Pas forcément ! Si on admet que, lors de la mort d'un individu, il y ait
dissociation entre le corps physique et une entité que l'on nomme
communément âme, que l'on pourrait éventuellement assimiler à l'aura
(plus scientifique) et si, comme nous le supposons, cette entité est
notamment composée d'énergie (électrique, magnétique, vibratoire,
lumineuse, , potentielle, hybride ?), nous n'avons plus de peine à
imaginer, tout comme il ressort de certains témoignages d'apparitions de
fantômes, que cette énergie soit capable d'influencer, d'agir sur la
matière. Cette théorie aurait pour conséquence de pouvoir expliquer les
gifles reçues de "mains fantômes" dans le cas du presbytère de Borley,
les déplacements d'objets "sans intervention humaine", les tables
tournantes et autres manifestations du même genre.
Mais tout ceci n'est que théories et suppositions...
Peut-on être un fantôme qui s'ignore ?
Nous l'avons vu, il est
possible de passer de vie à trépas sans s'en rendre compte. Nous n'avons
pas trop de mal à admettre que l'individu puisse encore percevoir
certaines sensations sensorielles après son "décès" (il faut remarquer à
ce sujet que la définition même de la mort n'est toujours pas
scientifiquement établie dans des termes pleinement acceptables et
valables dans tous les cas). Toutefois, nous pouvons difficilement
concevoir que ce phénomène puisse subsister longtemps. D'après les
expériences du docteur Raymond Moody, les personnes cliniquement mortes
ont relaté des événements qui dénotent toutefois des sensations
(principalement visuelles) qui surviennent relativement longtemps après
la déclaration du décès. Celles-ci sont cependant tellement vives et
laissent de telles traces sur le vécu des patients qu'il est quasiment
impossible d'admettre qu'on les oublie. L'ensemble des expériences en
question met en évidence une similarité remarquable dans les témoignages
et, de cette façon, on peut se hasarder à croire que les choses se
passent toujours de la même façon. Dans ce cas, la réponse à la question
semble être négative. Trop d'éléments semblent de nature à instruire
l'individu sur sa nouvelle condition de défunt, lui en donner
"conscience". Mais, justement, peut-on donc encore parler de mort s'il y
a conscience ? Et si l'on envisage le passage d'un état à l'autre comme
définitif et clairement établi, le fait d'évoluer à présent dans un
contexte très différent, régit éventuellement (et fort probablement) par
d'autres lois, ayant d'autres conséquences, etc. cette différence
n'est-elle pas elle-même de nature à éclairer le sujet sur son nouvel
état ?
On pourrait pourtant épiloguer longtemps sur le sujet sans aboutir à une
conclusion finale convaincante.
Il faut malgré tout faire remarquer que ces mêmes expériences du docteur
Raymond Moody mettent en évidence tout un lot d'émotions assez
déconcertantes. Ainsi par exemple, les sujets ne décident-ils de
réintégrer leur enveloppe charnelle qu'à contre cœur, ils sont
décontenancés par leur nouvelle "forme de vie", le "choc psychologique"
de l'événement et en même temps émerveillés et bien plus attirés par le
"nouveau monde qui les héberge" que par celui dans lequel ils évoluaient
auparavant. Il est évidemment très difficile d'imaginer ce qui se passe
par la suite, mais on peut envisager un désintérêt rapide pour
l'ancienne existence et une immense attraction pour la nouvelle,
laquelle exige peut-être un apprentissage urgent. Tout ceci peut donc
amener à un détachement plus ou moins prononcé pour les choses de la vie
antérieure auquel succéderait une amnésie plus ou moins profonde. Et
dans ce cas, on pourrait répondre à la question par l'affirmative.
Or donc, seule la multiplication des expériences, la récolte de
témoignages, leur étude et leur interprétation permettront peut-être un
jour d'en savoir plus.
A un niveau indirect, le film pose d'autres questions : que dire du monde
des fantômes lorsque l'on sait que ceux-ci peuvent encore ressentir la
douleur (Nicole Kidman se pique à une aiguille, reçoit une porte en
pleine figure, a les mains glacées lorsqu'elle quitte le manoir dans le
brouillard...), la peur (des fantômes, le comble !), la crainte de la
mort, pour elle et pour ses enfants (Il y a là une certaine logique
puisque ces gens ignorent qu'ils le sont déjà !)
S'il n'y avait pas eu de brouillard ou que la mère avait finalement pu
gagner le village pour contacter le curé afin qu'il bénisse la maison,
qu'aurait-elle trouvé : d'autres fantômes ? Les gens ne l'auraient-ils
tout simplement pas vue et aurait-elle donc alors compris ?
Puisqu'elle rencontre son mari dans le brouillard et qu'ils se
reconnaissent, n'y a t'il pas une incompatibilité au niveau de la
"conscience" que nous abordions précédemment et s'ils ne s'étaient pas
reconnus, comment aurait-on du interpréter cela ?
Et puisqu'ils ont fait l'amour, tant qu'on y est, les fantômes
peuvent-ils avoir des enfants ?
Les fantômes auront-ils bientôt aussi le droit à l'adoption en Belgique ?
Mais qu'est-ce que j'en sais à la fin, je ne suis pas mort, moi !
Enfin, je ne crois pas...