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Cour Sur heure, village champêtre de l’Entre Sambre et Meuse, se prévaut d’un bien étrange personnage appelé Bidaudus. Cette appellation n’est pas étrangère du folklore wallon de la région. Symbole des ripailles qui précèdent le carême, cette curieuse statue possède sa tradition.
Ce qui dépeint le Bidaudus de Cour
sur heure, c’est qu’une effigie en a été coupée dans la pierre bleue.
Cette statue d’art populaire qui est conservée jalousement reposait
jadis sous la scène de la salle des Combattants avant d’être emmenée
dans un coin du bureau des postes, dans l’ancienne maison communale de
Cour. Le personnage est représenté en tronc et nu. Les mains sont
inexistantes et la figuration des doigts repliés est à peine esquissée
par quelques coups de burin. Ces mains détiennent deux objets : celle de
droite possède un verre de bière de forme trapézoïdale et celle de
gauche tient un pâtisserie ronde que l’on s'octroie à assimiler à une
crêpe, mais qui par son emplacement et sa rigidité, représenterait
plutôt un espèce de galette plate.
Ce personnage étrange est véritablement le symbole des festins qui précèdent le carême. En effet, le verre de bière et la galette qu’il détient en main est l’emblème du bien « boire et manger » de ces festivités. Laissez-vous emporter par l’origine historique de cette tradition lointaine.
Au 19ème siècle, la statuette de Bidaudus, symbole du carnaval et des plaisirs gourmands qui étaient d’usage durant les jours gras, était promené dans le village, une fois l’an, le lundi gras, par la jeunesse masculine déguisée. Les travestis de Cour, revêtus de longues chemises de femmes, portant hotte sur le dos, et armés de longs fouets qu’ils faisaient battre, vadrouillaient dans les rues, accompagnant la statue de Bidaudus, perchée sur un char.
Se baladant ainsi de maison en maison, d’une rue à l’autre, la mascarade allait à la quête des aliments de base afin de terminer la soirée dans un festin de « roi »…
Entassant dans leurs hottes, bidons de lait, œufs, farine et lard, le tout servant en fin de journée, à la fabrication d’une omelette géante. La population se réunissait alors dans un estaminet indiqué par le sort afin de prolonger la fête jusqu’aux petites heures matinales.
A chaque tournée, un verre de bière était réservé à Bidaudus qui en recevait le contenu au visage. Dégoulinant de bière mousseuse, le crâne de Bidaudus était essuyé par son gardien. Ce qui à la longue lui donna le poli qu’on lui connaît aujourd’hui.
Valériane Munoz Moles
Remerciements à http://www.ham-sur-heure-nalinnes.net.
pour ses
photographies