Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Le mystère de Rennes le Château


Qui dit affaire (mystérieuse) de Rennes le Château dit abbé Saunière.  Toutefois, l'histoire commence avant son apparition, par quelques détails qui peuvent avoir une importance capitale.

C'est en effet en 1774 que le curé de Rennes le Château, est remplacé par Antoine Bigou, son neveu. En tant que confesseur de la Marquise d'Hautpoul, à la veille de sa mort celle-ci lui aurait transmis un très grand secret de famille et des documents... Comme il est de tradition avec les secrets (qui ne se transmettent qu'à une personne à la fois !) elle aurait demandé de ne confier ce secret qu'à une personne de confiance et "digne de recevoir ce secret".   Dès lors, notre brave homme va s'empresser de dissimuler les documents dans un des piliers de l'autel de l'église. En 1791, il posa une dalle sur la tombe de la Marquise et ceci ne manque pas de surprendre puisque la dame d'Hautpoul était alors décédée depuis dix ans. La dalle était supposée provenir d'un tombeau situé au hameau des Pontils.
Les choses deviennent encore plus bizarres lorsque notre curé y fait graver d'étranges signes : "ET IN ARCADIA EGO", une phrase latine qui signifie à peu près :       " Moi, celui qui suis aussi en Arcadie".   Bon !  Mais c'est quoi, l'Arcadie ?

Nous avons donc réalisé une première recherche sur ce point tant il est vrai qu'il n'est pas rationnel de poursuivre sans être sûr de tout comprendre dès le début.  Et voilà : l'Arcadie est une région de la Grèce, au centre du Péloponnèse, très montagneuse, surtout dans le nord. Les régions les plus prospères étaient les plaines orientales d'Orchomène, de Mantinée et de Tégée. L'Iliade cite les toponymes suivants (II,603-614) : Énispé battue par les vents ; Mantinée la charmante ; Orchomène riche en troupeaux de moutons ; Parrhasie ; Phénée ; Phères bien bâtie (où habita Créton et Orsiloque tous deux jumeaux de Dioclès dont le père Orsiloque naquit du fleuve Alphée ; V,542-548) ; Rhipé ; Stratié ; Stymphale ; Tégée. Ses fleuves sont l'Alphée, le Stymphale et le Styx.

Le Styx ?  Bingo !  Voici un premier rapport avec la mort de la Marquise.  Dans la mythologie grecque, le Styx était une rivière qui séparait le monde terrestre des enfers en l'entourant neuf fois.  C'est aussi un cours d'eau qui existe réellement mais qui n'a aucun rapport.  Le Styx a longtemps fait uniquement partie de la théologie grecque avant de finir par être reprise par le christianisme.  En extrapolant, on pourrait donc y voir d'une part une volonté de se départir de la religion chrétienne pour en revenir à des concepts plus lointains du panthéon, d'autre part cela souligne le fait que l'Église s'est inspirée de points qui n'ont théoriquement rien à faire dans son histoire.  Et si on ne veut rien oublier, cela rappelle la traditionnelle traversée du Styx en radeau conduit par Charon ou Phlégyas.   Peut-être peut-on rapprocher cette traversée à un autre élément, c'est ce que nous verrons plus loin.  En attendant, revenons-en à notre Arcadie...

L'Arcadie a conservé des mythes et des cultes remarquables. Les dieux Pan et Hermès sont particulièrement associés à la région. Une tradition veut que Zeus soit né sur le mont Lycaos.  C'est de ce nom qu'est d'ailleurs venu le terme de lycanthropie (le fait d'être ou de devenir un loup garou !) L'Arcadie est aussi une région de la Grèce qui, dans la poésie bucolique latine et hellénique, était représentée comme le pays du bonheur, le pays idéal. La poésie antique, comme Virgile dans les Bucoliques ou Ovide dans les Fastes, décrivait l'Arcadie comme un lieu primitif et idyllique peuplé de bergers, vivant en harmonie avec la nature. Par la suite, l'Arcadie est restée ce symbole d'un âge d'or, un monde riant où les pastorales constituent le principal divertissement musical. Dans cette acception, on peut donc aussi considérer l'Arcadie comme une figuration du Paradis, mais on comprendrait mal qu'un curé trouve un tel synonyme alors qu'il dispose de termes beaucoup plus appropriés dans sa religion.

Mais voici qui devient encore plus intéressant: le tableau de Poussin, intitulé "Les bergers d'Arcadie" est à l'origine de toutes sortes de spéculations que l'on retrouve mêlées à l'affaire de l'abbé Saunière, Curé de Rennes le Château. On prétend qu'un monument qui se trouve dans la région proche (Arques) aurait pour modèle le tombeau représenté par Poussin. Voyons donc ce tableau.

Il comporte en fait deux versions dont vous pouvez prendre connaissance, celle ci-contre étant la première, celle du dessous étant la seconde.  Et c'est par le biais de Poussin que nous obtenons de nouveaux éléments de réponse quant à la phrase mystérieuse:

Et in Arcadia ego est une expression latine rendue célèbre par deux tableaux de Nicolas Poussin (1594-1665). Ce sont des peintures pastorales représentant des bergers idéalisés de l'Antiquité classique, rassemblés autour d'une tombe austère. La seconde version, la plus connue, mesure 122 sur 85 cm, se trouve au Louvre, à Paris, et porte également pour titre «Les bergers d'Arcadie». L'œuvre a eu une très grande influence sur l'histoire de l'art. L'expression est un memento mori, qu'on traduit habituellement par «Même en Arcadie, j'existe» ou «Je suis aussi en Arcadie», comme si c'était la Mort personnifiée qui parlait. Pour sa part, André Félibien, le biographe de Poussin, l'interprétait comme «la personne enterrée dans cette tombe a vécu en Arcadie». Autrement dit, elle aussi avait profité des plaisirs de la vie sur terre. La première interprétation est généralement considérée comme la plus probable.

C'est vrai que, à la lumière de ces explications, les choses sont un tantinet plus claires, mais que de complications de la part de ce curé, qui devait donc être très connaisseur dans les arts, pour rendre un hommage à la défunte !  Pour s'être donné tant de mal, on ne peut qu'imaginer qu'il y a un rapport étroit entre l'inscription, le tableau et le secret confiée par la Marquise.

Nous sommes cependant très loin d'être au bout de nos peines !  En effet, la Marquise étant décédée le 17 janvier 1781, la date sur la pierre aurait dû être XVII janvier MDCCLXXXI et non pas XVII janvier MDC O LXXXI.  Pourquoi donc avoir séparé le MDC (1600) de LXXXI (81) par un O qui ne veut apparemment rien dire ?

Mais ce n'est pas tout car dans l'église, le curé posa face contre terre, devant l'autel : la dalle des Chevaliers. Déclaré prêtre réfractaire en 1792 il dut se réfugier à Sabadell, en Espagne et c'est là qu'il mourut le 21 mars 1794 non sans avoir transmis le secret de la Marquise à l'abbé Cauneille. Lui-même le confiera ensuite  à l'abbé Jean Vié, curé de Rennes les Bains et à l'abbé Émile François Cayron, curé de Saint Laurent de la Cabrerisse, prêtres de 1840 à 1872.

Les inscriptions de cette tombe seront effacées par l'abbé Saunière, mais on dispose encore de reproductions effectuées par  différentes personnes.

Il n'est pas exclut que l'on puisse y voir un plan.  Mais là encore le mystère règne.  Et pourtant, nous n'en sommes encore qu'aux prémices quant à l'affaire de Rennes-le-Château puisque, rappelons-le, l'abbé Saunière n'y a même pas encore fait son apparition.

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