Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

L'affaire de la Toungouska - suite 2

L'explosion de la Toungouska... atomique ?


C'est un fait qui vient facilement à l'esprit que, par l'ampleur des dégâts causés lors de l'affaire de la Toungouska, la violence de l'explosion qui semble avoir eu lieu en altitude (la bombe atomique n'explose effectivement pas au sol), la présence de ce qui ressemble furieusement à un champignon atomique, les implications électromagnétiques et radioactives, l'explosion en question présente de nombreuses similitudes. Ajoutons à cela les caractéristiques de la région, déjà décrites à la page précédente et qui prêchent en faveur de tests atomiques dans une région relativement désertique. Mais une explosion atomique, même sous forme de test, aurait-elle été possible en Sibérie, en 1908 ?

En ce qui concerne les agissements de l'Homme, la chose paraît hautement improbable et ne correspond en aucune façon à l'histoire du nucléaire tel qu'elle est parvenue à notre connaissance.

En 1896, Henri Becquerel découvre fortuitement la radioactivité, en 1898 Pierre et Marie Curie isolent le radium. L'histoire du "nucléaire" débute donc bien avant 1908, mais il faut attendre 1919 pour qu'Ernest Rutherford réalise la première désintégration de l'atome, 1939 pour que Frédéric Joliot-Curie découvre la réaction en chaîne. C'est aussi en 1939 que les allemands s'intéressent de très près au nucléaire et leurs recherches visent évidemment à l'obtention de la bombe atomique.
Si des tests français semblent curieusement avoir eu lieu en matière d'explosions atomiques dès 1940 (?), chacun conserve en mémoire les explosions d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945. Ce ne serait qu'au prix de fameuses affaires d'espionnage que l'URSS aurait eu sa bombe à partir de 1949. En 1953, l'exécution sur la chaise électrique des époux Rosenberg, pour avoir livré des secrets nucléaires à l'URSS marque l'apogée de la guerre froide. Tout ceci survient donc largement après les faits, mais on comprend assez mal que ce soit le moment précis, en 1953 donc, choisi par les Russes pour tolérer désormais les expéditions étrangères sur son sol. A moins bien sûr que les choses n'aient été entendues depuis longtemps, que l'URSS ait de longue date, mais totalement sous cape, disposé et testé la bombe atomique, par exemple sur le sol sibérien.

En dépit de la tendance à croire que les grandes puissances et peut-être surtout l'ex-URSS nous cachent énormément de choses, cette possibilité demeure très fantaisiste selon nous. Dans ce cas, il faudrait en conclure que les Russes auraient laissé l'initiative aux Américains pour mettre un terme au conflit mondial en bombardant le Japon simplement afin que ces derniers ignorent la situation réelle au niveau nucléaire au pays de Staline. Les Russes n'auraient donc pas profité d'une hypothétique avance de plusieurs décennies pour utiliser cette énergie en son fief ou aurait réussi à dissimuler ses centrales. Dans la même foulée, il aurait fallu que, côté russe, des savants inconnus aient également devancé les travaux conjoints de tant de prix Nobel. Si les Russes avaient disposé d'une telle avance sur les Américains, peut-on imaginer qu'ils n'en n'auraient pas profité aussi pour asseoir définitivement leur suprématie et, au besoin, rayé les USA de la carte ?

La raison nous oblige donc à abandonner cette théorie, ce qui n'enlève rien aux similitudes de la Toungouska. Car s'il ne s'agissait pas d'une bombe atomique "humaine", l'explosion en question pouvait-elle être fortuite ou provenir d'une autre intelligence ?

Les connaissances actuelles nous permettent d'affirmer que l'on ne provoque pas une explosion atomique "par hasard" ou "fortuitement", la technologie, les connaissances scientifiques mises en cause, les matières indispensables, tout cela risque peu de trouver sa réalisation naturelle, sans intervention humaine donc. Quant à parler d'une "autre intelligence", la tentation est évidemment forte d'émettre l'hypothèse extraterrestre. Mais malgré notre respect pour l'ufologie, nous avons peine à imaginer qu'un pilote au tain verdâtre aurait raté un virage (il est dangereux de piloter une soucoupe volante en tenant un GSM dans ses tentacules...) et que ce crash ait pu produire des effets aussi dévastateurs. Bien sûr, nous ne pouvons pas non plus écarter cette hypothèse sur base d'un simple a priori, mais nous avons furieusement envie de trouver plus sérieux...

Petit tour de notre praticien en Russie...

Comme vous le savez désormais, ce n'est pas depuis hier que le CERPI s'intéresse à l'affaire de la Toungouska. Il y a quelques années donc, sous l'égide du GESO (l'ancien nom du CERPI, faut-il le rappeler?), sous l'impulsion de Belgasites et de New Belgaria, nous avions déjà survolé le problème en tentant d'en trouver la solution, mais sans réellement y parvenir il faut bien l'avouer. Et nous n'en n'avons pas à en rougir puisque pour l'instant, personne n'y est encore arrivé !

Nous disposions toutefois, (et disposons toujours d'ailleurs) d'une arme secrète tout particulièrement puissante en la personne de notre praticien. Praticien ? Qu'est-ce qui se cache sous ce mot ? En fait, c'est le seul terme que nous lui ayons trouvé et qui nous semblait convenir le mieux. Quelqu'un qui pratique. En l'occurrence, la personne est "extrêmement et exceptionnellement douée", médium absolument incroyable, indescriptible dirions-nous même, d'une intelligence nettement haut dessus de la moyenne, bref un atout majeur pour le CERPI. Avec cependant un bémol car personne n'est parfait, ledit praticien se déguise aussi volontiers en courant d'air, il est insaisissable, imprévisible, il a la bougeotte, ne peut rester en place et il n'appartient au groupement que par sympathie. Nous ne pouvions donc lui imposer quoi que ce soit et restions tributaires de son bon vouloir. Il était un peu présomptueux de notre part d'avoir affirmé, lors de nos premières publications à propos de l'affaire de la Toungouska, que nous l'avions dépêché sur les lieux. En fait, nous avions pu profiter d'un heureux hasard qui voulait que ce praticien soit justement en Russie à l'époque. Il avait daigné faire un tour sur les lieux des événements et nous en avions tiré ceci, après lui avoir demandé si l'affaire de l'explosion de la Toungouska pouvait être mise en rapport avec l'intervention d'un esprit Tungu :

INTERVENTION D' UN ESPRIT LOCAL TUNGU ?

Voilà encore l'une de ces hypothèses qui en fera sourire plus d'un. Un esprit local ? Et pourquoi pas le facteur, tant qu'on y est ?
Sauf que, comme il nous est arrivé d'avoir à battre en retraite face au surnaturel et à laisser la place aux explications qui nous semblaient initialement hautement fantaisistes, à savoir celles qui mettaient en scène la présence d'entités "surnaturelles" et que l'opération fut un succès (contre toute attente), notamment dans l'affaire Milmort, nous avons laissé le soin à notre praticien, dépêché sur place pour la circonstance, de nous donner son verdict :

(...) La première chose que l'on puisse dire est que le dieu Tungu, Agdy en l'occurrence, n'a rien d'un dieu au sens propre du terme. Il s'agit bien évidemment d'une personnification d'un phénomène naturel. A ce niveau, vous n'aviez pas besoin de mon intervention pour arriver à la même conclusion. Il suffit d'ailleurs de reprendre les témoignages, abondants, relatifs à cette histoire, pour s'en rendre compte. On n'a jamais vu un dieu se précipiter au sol en revêtant la forme d'un cylindre et s'envoler ensuite en une épaisse fumée noire. Nous laisserons là les superstitions des Tungus et les respecterons mais cette piste n'est évidemment pas la bonne. En ce qui concerne ce que vous appelez des esprits, il y en a bien sûr des myriades dans le coin (encore qu'il s'agisse d'un "coin" particulièrement grand et froid) mais je puis vous assurer qu'ils n'ont strictement rien à voir dans cette histoire, ils ont eux-mêmes été dérangés (et on peut les comprendre !) Il est facile de concevoir que l'influence d'un esprit n'a jamais eu autant de répercussions, d'une manière aussi manifeste et grandiose (si l'on peut dire...) Quant à la réunion, la mise en commun d'esprits, même si elle a parfois, et même souvent lieu, elle a lieu d'habitude en un point précis, chez un individu donné par exemple, mais jamais sur des surfaces aussi étendues. Peut-être y a t'il déjà eu des exceptions au cours de l'humanité, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit! (* Nous reconnaissons bien là la manie de notre praticien, cette phrase lui est très coutumière), mais en tous cas cela n'a pas été le cas ici.

Dans ce cas, puisque toute influence spirituelle semble à écarter dans le cas présent, votre voyage sur place n'aura servi qu'à peu de choses ?

Oh ! Détrompez-vous ! C'est un endroit merveilleux ! Enfin, tout du moins pour qui aime la nature telle qu'elle, la simplicité, les orages violents aussi et c'est justement le cas, j'ai assisté à quelques beaux petits "feux d'artifice" comme on n'en voit pas en Belgique ! Mais pour en revenir à ce qui nous intéresse, il ne faudrait pas croire que, une fois cette hypothèse écartée, il ne me reste plus à rien à me mettre sous la dent ! Non ! Il y a ici quantité d'entités qui ont une histoire très riche, des histoires aussi : mouvementées, tragiques, dramatiques, mais aussi beaucoup plus positives. Pour le réceptif, l'endroit pourrait se comparer à une immense bibliothèque pour un amoureux des livres. J'ai ici de quoi étudier jusqu'au restant de mes jours ! Mais je n'en ferai rien car, vous le savez, je ne peux pas rester au même endroit très longtemps, il faut que je bouge...

Bon ! Mais avant de bouger, comme vous dites, ressentez-vous quelque chose d'autre qui puisse aider notre enquête ?

Oui, à vrai dire, oui ! Mais il y a tellement d'informations que cela en devient extrêmement confus. Vous devez me laisser le temps de mettre de l'ordre dans mes idées...

Vous laisser le temps ? Mais d'habitude, c'est vous qui nous prenez de vitesse !

Vous devrez donc considérer ce cas-ci comme une exception, en vous remettant encore une fois en tête que le pays est grand, bigrement grand. Si vous voulez une comparaison en guise d'exemple, je dirai qu'il y a une différence entre contempler un coquelicot sur un talus et labourer un champ...(...)

Et l'intervention du praticien sur place se limitait à cela, autant dire rien. Nous étions bien avancés !

Les choses demeurèrent en l'état jusqu'il y a peu. Jusqu'à ce que le praticien refasse surface de lui-même et que nous saisissions la balle au vol pour, cette fois, lui enjoindre de retourner sur place et d'avoir le fin mot de l'histoire. Cependant, donner des ordres au praticien est un exercice extrêmement périlleux car risquant de mettre à mal sa susceptibilité. Ce fut donc le patron qui s'en chargea et... qui faillit tomber de sa chaise au cours de la conversation !

(...) Vous n'aurez pas besoin de m'ordonner quoi que ce soit, voilà qui vous ôtera une épine du pied. Je savais que vous alliez me demander ça et je suis déjà en Russie en ce moment. Ce n'est pas vraiment pour vous faire plaisir, mais par défi. En effet, lors de ma dernière visite, trop brève il est vrai, je me suis senti sinon vaincu du moins mis en situation d'échec. Je n'avais pas réussi à appréhender la totalité des faits dans son ensemble, à trouver un fil conducteur. Il est vrai que le sujet est vaste, tant sur le plan géographique que sur le plan spirituel. Comme je n'aime pas m'avouer vaincu, il va bien falloir que l'un de nous cède, c'est la Toungouska ou bien moi ! - (...)

OK, merci et je salue votre détermination. Où en êtes-vous donc actuellement ?

Nulle part. Il est préférable de dire les choses telles qu'elles sont. Je ne vais pas vous inventer des bobards, ce n'est pas mon genre. Mais je travaille. Je suis actuellement à Moscou, je me renseigne, je m'imprègne du sujet russe et de ses dépendances, actuelles et passées. Il y a ici une telle richesse, c'est fou ! J'ai rarement vu une telle densité d'ethnies différentes. Vous savez, tout est démesuré, sans commune mesure avec ce que nous connaissons en Europe et même aux USA. Je vais vous donner un tout petit aperçu via un petit diaporama et puis je vais vous proposer une devinette, cela vous situera un peu (mais un peu seulement) mieux les choses.

Bien, ce sont de belles images. Elles démontrent effectivement, du moins certaines d'entre elles, une certaine grandeur. Mais ne croyez tout de même pas m'épater avec ça. Versailles, Paris, Venise, etc. c'est joli aussi...

Attendez ! Laissez-moi vous poser ma devinette. Alors voilà, regardez simplement l'image ci-dessous :

Qu'est-ce que cela évoque pour vous ? Que pensez-vous que cela puisse être ?

Euh... Je ne sais pas moi, un grand monument ? Un palais ? L'équivalent de notre Palais de Justice ? Un château ?

Vous n'y êtes pas ! C'est tout simplement une station de métro moscovite. Consultez donc le lien suivant : http://www.studentsoftheworld.info/visites/Metro_Moscou/MM_f.html et vous pourrez faire une visite virtuelle du métro de Moscou. Il faut tout de même savoir que le métro de Moscou transporte plus de personnes que celui de New York et celui de Londres réunis. Ça vous dit quelque chose ?

Hé bien... oui, effectivement. Nous n'avons pas l'habitude de tant de faste dans nos stations européennes. Mais où voulez-vous en venir ?

Je pensais que vous auriez compris. Vous me décevez... Or donc, la Russie est un pays gigantesque, tentaculaire, colossalissime si vous me permettez l'expression, sa capitale, Moscou, est d'ailleurs jumelée avec Bruxelles-ville, le saviez-vous ? Elle l'est aussi avec Los Angeles, Chicago, Madrid, Tel-Aviv, Londres, Athènes, Düsseldorf et bien d'autres, dont Valenciennes. C'est la plus grande ville d'Europe. Plus grande que Paris, la ville lumière, dont le métro a été construit par les Belges, vous devez savoir ça ?

Oui, et je sais aussi que Düsseldorf a connu une affaire de "vampire" et je ne vois toujours pas le rapport !

C'est très étonnant de votre part ! Votre "aventure fantastique" ne vous a donc pas instruit sur le fait que vous soyez coutumier des synchronicités et autres hasards ou coïncidences ? N'êtes-vous pas un passionné des anciens tramways bruxellois ? N'avez-vous pas habité à la rue Edison ? La réponse est là, très indirectement, j'en conviens, dans ce métro. Mais je ne vous en dirai pas plus pour l'instant.

Ah voilà qui est pour le moins bisquant ! Diable ! Si vous avez une hypothèse, mieux : si vous avez une certitude, que ne l'exposez-vous pas ?

Je dois encore vérifier certains points, obtenir des preuves ou du moins des ressentis qui soient probants. Désolé, il vous faudra encore attendre un peu...

Mais enfin, éclairez donc notre lanterne !

Oui, c'est bien de cela dont il s'agit...

Et il a raccroché...

Le lac de Cheko.

Nous avons donc provisoirement laissé notre praticien à ses considérations sibyllines et poursuivi notre enquête sur des bases plus scientifiques, à défaut d'être plus claires. Dans l'immédiat, disons le franchement, l'hypothèse la plus souvent retenue d'une manière générale reste celle d'un corps céleste qui aurait touché la terre. Pourtant, rien ne permet d'aboutir à une certitude catégorique de nos jours encore, et ce en dépit d'ordinateurs super puissants, des expéditions scientifiques réalisées sur place, des simulations et des calculs de tous les savants ou spécialistes. En fait même, plus on étudie le sujet et puis moins on comprend !

Les physiciens, les astronomes sont divisés dans une terminologie qui propose des météorites, des comètes, des astéroïdes, des corps mixtes. Certains vont jusqu'à parler d'Héphaïstos (une vieille connaissance qui aurait mené la vie dure à nos ancêtres pour des raisons similaires). On envisage des tailles colossales pour cet "engin" (à défaut de pouvoir le qualifier plus précisément) puis on le réduit de manière considérable au nom de la densité, on modifie la vitesse en conséquence ou on la conserve comme inconnue, on procède à de nouvelles simulations qui n'aboutissent toujours à aucune certitude. On manipule allègrement les kilo joules auxquels on vient adjoindre des exposants. On constate de nombreuses mutations qui suggèrent les effets de la radioactivité, on croit que ce qui a touché la Toungouska en 1908 a causé un formidable enrichissement du sol qui a contribué à faire repousser les végétaux de 5 à 10 fois plus vite que la normale...

Ce n'est pas tout, loin s'en faut. Les scientifiques écartent immédiatement les hypothèses surnaturelles (et nous ne pouvons que les comprendre, c'est d'ailleurs aussi, semble t'il, l'avis de notre praticien) mais recherchent toujours en vain le moindre cratère. En attendant, ils attribuent à l'objet céleste recherché le nom d'Ogdy, soit celui du dieu Tungu. C'est une idée comme une autre mais dont la logique nous surprend. L'une des expéditions explore minutieusement le terrain mais confond ce possible cratère avec des cavités qui, ne pouvant les expliquer autrement, reçoivent une origine naturelle. D'autres chercheurs italiens pensent que le lac Cheko serait le cratère en question (on ignore, faute de cartographie appropriée à l'époque) si ce cratère existait avant 1908 et donc on plonge dans les eaux du lac à la recherche de sédiments qui seraient révélateurs. Jusqu'ici : rien!
Mais ce n'est pas tout, (puisqu'on vous le dit !): on découvre pour plusieurs milliers de tonnes de sphérules métalliques à l'aspect vitreux, contenant du gaz carbonique et de l'hydrogène sulfuré, mais ces objets sont passés totalement inaperçus lors de la précédente expédition. A défaut de cratère, on imagine une chose très possible, à savoir que l'objet céleste aurait explosé avant de toucher le sol, un peu comme la bombe atomique que nous évoquions sauf que nous savons qu'il ne peut s'agir de cela. Malheureusement, les témoignages tungus font état d'un cylindre tombant à la verticale alors que d'autres évoquent une trajectoire descendante oblique. Amusant aussi de constater qu'avant la catastrophe, une lumière intense permet aux habitants de Londres ou de Bruxelles de lire leur journal en pleine nuit (à plusieurs milliers de kilomètres de là, donc) mais apparemment, tout le monde est surpris qu'il se passe enfin quelque chose de pas normal le 30 juin 2008. Ce sont les Américains, qui n'habitent pourtant pas la porte à côté, qui supposent les premiers avoir enregistré l'impact de ce qu'ils croient être une météorite, pas les Russes qui sont sur place, aux premières loges (le cordonnier est toujours le plus mal chaussé, pas vrai ?) mais il est vrai aussi que, dans le coin, on n'en est pas à quelques kilomètres près et on n'est pas non plus au centre le plus évolué de la civilisation, les communications sont extrêmement difficiles, les voies d'accès pareil. En fait, à l'époque, on n'est pas encore en pleine guerre froide. Il n'y pas réellement de problème entre les "Rouges" et l'Oncle Sam. Seulement voilà, financer une expédition partant de Moscou pour aller se rendre compte de ce qui se passe dans la Toungouska n'est pas si simple.

Or donc, si c'est seulement une question de gros sous, pourquoi ne pas laisser faire le reste du monde? Basta! Pas question. Et puis, d'ici peu, avant que quelqu'un ne se décide, il y aura bien d'autres problèmes à l'ordre du jour, lesquels seront loin de contribuer à la découverte de la vérité. Entre temps, en 1947, un fait similaire quoique moins important (tout de même plusieurs fois la bombe d'Hiroshima...) et plus récemment, à Bodaibo, se produisent. Il n'y a plus de doute, la Sibérie est une piste d'atterrissage pour objets célestes (les comètes: piste 24, les astéroïdes: piste 17, les météorites: piste 5, merci de préserver la nature, ne laissez pas traîner vos cratères, SVP...)

En un mot comme en cent, c'est l'imbroglio, la panade complète. Une chose est sûre, c'est que rien n'est certain. Mais avec tout ça, on n'avance guère!

Finalement, ce qui nous gêne le plus dans l'histoire, c'est ce fameux témoignage tungu qui parle d'un cylindre, ce qui semble écarter définitivement l'hypothèse d'un corps "céleste", que ce soit un astéroïde, une comète, une météorite (et même, si vous voulez, un astéroète, une comite ou tout ce que vous voulez.) Restons calmes et résistons toujours à parler de petits bonshommes verts. Ne pensons pas un instant que, tout comme nos pilotes évitent de se crasher sur des zones peuplées, si un astronef avait du tomber sur notre planète, la Sibérie était un bon endroit. N'imaginons pas non plus que le diamant du sous-sol sibérien aurait pu les intéresser, au même titre d'ailleurs que toute grande puissance (et pourquoi faudrait-il d'ailleurs que cela en soit une ?) Revenons les pieds sur terre plutôt que de risquer le torticolis à force de scruter le ciel et envisageons ce témoignage tungu si dérangeant.

Manifestement, ce qui ne va pas dans l'histoire, c'est ce cylindre et cette chute verticale, totalement incompatible avec un bloc de pierre venu du fond de l'espace. Mais comment s'expriment les Tungus, qui d'après Mme Popova seraient probablement plutôt des Evenks ? Hé bien, consultons donc : http://membres.lycos.fr/tanina/evenkes.htm et nous voyons ceci :

Nous citons : Les Toungouses ou Evenks, comme on les nomme depuis 1917, forment historiquement un des groupes les mieux connus. C'est un des plus originaux de l'ensemble des groupes autochtones du nord de la Sibérie et de l'extrême est de la Russie. Chez les peuples sibériens, ils font partie du groupe Baïkal ou paléosibérien. Du XVII e au XIXe siècle, les Toungouses du Nord quittèrent leurs habituels lieux de campement pour s'installer où ils n'étaient encore jamais allés, principalement en raison des pressions exercées sur eux par les Russes, les Mongols et les Yakoutes. En raison de la pression des Yakoutes sur leurs meilleurs terrains de chasse et pour fuir les Russes à qui ils payaient tribut, un petit groupe de Toungouses a traversé la frontière sino-russe. Ils se sont disséminés sur un vaste territoire au XIXe siècle dans la Mandchourie du Nord-Ouest. Ceci a provoqué une mutation de leurs coutumes et des structures de leur clan. Avant la révolution, tous les Toungouses du Nord étaient nomades. Ils se déplaçaient dans la taïga et la toundra avec leurs troupeaux de rennes, s'adaptant au milieu avec une remarquable souplesse. A partir de matières premières à leur portée, avec une grande dextérité manuelle et un sens profond de la beauté, ils fabriquaient presque tous les articles nécessaires à la vie domestique. La chasse à la zibeline et à l'hermine était leur principale activité. Ils habitaient des chums, huttes coniques construites avec des troncs de jeunes mélèzes, faciles à monter de campement en campement, à la recherche de nouveaux pâturages pour les rennes. Au cours des siècles, les Toungouses ont élaboré un haut niveau de relations sociales basées sur les fonctions et l'organisation du clan. Entre autres décisions importantes, le clan s'occupait des mariages selon les principes et les coutumes de l'exogamie. Cela obligeait l'homme à se marier en dehors du clan. Le respect était imposé pour les coutumes, les règles et les problèmes inter-clans relatifs à la moralité de ses membres. Les Toungouses étaient chamanistes et animistes. Ils croyaient au pouvoir favorable ou néfaste des esprits qui habitaient les arbres et les rochers. Chaque clan subissait la puissante influence de son chamane. On le consultait sur tout, en particulier en cas de maladie. Vers 1925, conséquence de la Révolution soviétique de 1917, le mode de vie traditionnelle des Toungouses, ainsi que les structures sociales qui en formaient la base, avaient été complètement balayés. A partir de ce moment les Toungouses furent appelés Evenks. En 1930, la création de l'arrondissement national des Evenks signifia que le mode de vie tribale et nomade de jadis passait sous la nouvelle administration socialiste soviétique. L'alcoolisme et la variole ont fait des ravages et diminué la population à 30 familles en 1936 ce qui donne un habitant sur 13000ha. Les chefs de clan furent éliminés et les chamanes pourchassés. Ces changements ne purent s'accomplir qu'au prix d'une lutte prolongée jusqu'en 1950 entre les forces de répression des agents du Gouvernement soviétique et les Toungouses. La langue évenke, avant la Révolution de 1917, n'avait jamais été écrite. Les chercheurs soviétiques créèrent son alphabet. Le premier livre imprimé parut en 1928, suivi de nombreux livres scolaires et d'un réseau d'écoles. (...) Fin de citation.

Ceci nous renseigne sur le fait que nous parlons bien du même peuple. Ce sont les Russes qui leur ont donné un alphabet a posteriori par rapport aux faits et Mme Popova nous renseigne encore sur le fait que "cylindre" en russe se dit, tout simplement "silindr" et "colonne" se dit "kolonna". On ne peut donc pas, sur cette base, imaginer une erreur d'interprétation puisque, là aussi, les pistes sont brouillées. Il sera pratiquement impossible, cent ans après les faits, de retrouver les mots exacts qui ont été utilisés par les Tungus (ou Evenks). C'est dommage d'ailleurs parce que l'on aurait pu croire que le langage imagé de ces personnes aurait assimilé la notion de cylindre à celle d'une colonne de fumée, ou celle d'une projection en altitude d'une multitude de particules qui auraient revêtu plus ou moins cette forme. La verticalité aurait toujours posé problème. Mais que dire de gens qui ont pour dieu Ogdy, dieu du tonnerre mais aussi des arbres, lesquels sont d'habitude, à peu près verticaux ? Quelle notion d'exactitude peuvent-ils avoir rapporté vu le traumatisme évident causé par la catastrophe qu'ils attribuent automatiquement à "quelque chose" venu d'en haut et ne pouvant donc tomber que vers le bas ? Verticalement ou en oblique, pour eux, est-ce que cela n'était pas toujours tomber ? Le cas échéant, cela nous aurait débarrassé de ce témoignage gênant et l'on pouvait en revenir sans trop de problèmes à nos hypothèses cométaires ou astéroïdales. Malheureusement, à supposer que nous ayons pu traduire le dialecte tungu, nous ne disposions pas de reportage radiophonique à apprécier.

Ici, le boss fait de grands yeux, regarde dans le vide, se gratte les cheveux et se met à parler tout seul : reportage radiophonique ? Popova ? Russie ? Edison ? Grandes distances ? Éclairer ma lanterne ? Grande lumière avant les faits ? Tramways bruxellois ? Jumelage ? Bon Dieu ! (Il n'ajoute pas: "Mais c'est bien sûr !" Mais se précipite vers d'autres sources d'informations. A en juger par son comportement, il est sur une piste...

Photos: La photo du haut représente le lac de Cheko et émane du site: http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/astronomie/d/lenigme-de-la-tunguska-en-voie-detre-resolue_12222/ crédit Université de Bologne (Italie)
La photo du bas représente une tribu tungu timbrifiée provenant des bons services de Philagodu (http://www.philagodu.be)

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