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Il
faut bien l'admettre, on ne trouve rien de bien réjouissant dans ce qu'elles contiennent
et pour cause ! Les catacombes sont en fait un lieu souterrain où sont réunis tout les ossements émanant de cimetières parisiens.
Paris largement encombré par ses «os» fut alerté dès 1554 par des médecins de la faculté de Paris qui craignaient des épidémies. Les cimetières disons-le n'étaient pas
franchement «soignés» et représentaient plutôt des charniers qu'un cimetière. Des trous étaient creusés, des fosses
étaient ouvertes à proximité, les riverains qui se promenaient éprouvaient du dégoût et de la gêne.
Comme on peut le comprendre.
Ce qui devait arriver arriva des années après, le mur d'une cave accolée au cimetière céda et ce fut la catastrophe.
En 1780, les risques d'épidémie étant trop nombreux, on décida de fermer le cimetière des Saints Innocents. Mais les corps, qu'allait-on faire des corps ?
Toujours la même année, il fut décidé de transférer les ossements dans les anciennes carrières de la Tombe Issoire, sous la plaine de Montrouge. A la place du cimetière des
Innocents qui fut fermé se trouva donc un marché public. Les carrières de la Tombe Issoire furent appelées
catacombes. D'autres cimetières subirent le même sort, ceux situés près des églises furent déversés dans le nouvel ossuaire. Ainsi, les ossements de Sainte-croix de la
Bretonnerie, Saint Landry, les cimetières de l'île Saint Louis, et bien d'autres encore se retrouvèrent tous regroupés.
Des os de tous les citoyens côtoyaient ceux de personnalités qu'ils avaient peut être admiré durant leur vie, ou peut être éprouvé de la haine. Charles Perrault, Robespierre, Charlotte Corday, Racine, l'homme au masque de fer, Blaise Pascal et d'autres furent mêlés avec ceux d'inconnus.
Étrange situation n'est-ce pas ?
Côtoyer au delà de la mort ses amis ou ennemis !
Chaque année, des milliers de touristes visitent "joyeusement" les
catacombes en compagnie de guides patentés. Au retour, chacun y va donc forcément aussi de ses narrations personnelles, avis et autres anecdotes qui colportent la
réputation des carrières de Paris (le nom officiel des catacombes). Mais celles-ci n'ont guère besoin de cette publicité pour s'attirer toutes sortes de
visiteurs parmi lesquels on trouve le commun des mortels en quête de sensations fortes, d'intimité propice à des ébats sexuels originaux, des marginaux pour qui
l'isolement et l'invisibilité trouvent facilement leurs raisons d'être et toute une faune de loubards aux desseins divers. Beaucoup de ces gens oublient
un peu vite un point essentiel à ne pourtant perdre de vue sous aucun prétexte : l'étendue réelle des catacombes, laquelle ne s'apparente nullement à quelques
cimetières mis bout à bout (encore faut-il dire que le villageois peu habitué aux voyages n'a qu'une vague idée de la superficie d'un cimetière de toute grande
capitale !). Mais même pour les autres, plus aguerris, l'immensité du réseau souterrain constitue un piège redoutable !
Ce que de nos
jours on appelle catacombes de Paris est en majorité constitué de galeries d'inspection et de consolidation de l' I.G.C. (Inspection Générale des
Carrières) reliant les différentes carrières, ce réseau de galeries s'étend sur quelques 300 km environ (Imaginez donc, qu'avec une telle distance, en
exagérant un peu, on fait le trajet Paris-Bruxelles !) Vous voilà donc avertis !
On pourrait répartir ce réseau de la manière suivante : 100 km sous le XIVe, XVe, VIe et Ve arrondissements de Paris; 25 km sous le XIIIe arrondissement; 7 km sous le XVIe arrondissement; 350m sous le XIIe arrondissement, et tout ceci sans compter les petits réseaux au nord de la seine dans les carrières de gypse (alors qu'au sud on trouve le calcaire).
Officiellement ces galeries ne sont pas accessibles aux visiteurs. La partie autorisée au public ne représente, tenez-vous bien, qu'une infime partie du réseau parisien avec 1.7 Km
Pour tous les autres il reste
encore quelques entrées connues de quelques uns seulement et qui permettent d'accéder à la "totalité" du réseau. Mais là aussi, les pièges sont
nombreux ! En effet, comme vous pouvez désormais mieux vous l'imaginer, il relève de l'impossibilité de conserver en mémoire la complexité d'un tel
réseau de galeries, si bien qu'il devient rapidement indispensable de se munir de plans. Or ceux-ci s'avèrent de moins en moins fiables
au gré des innombrables travaux réalisés en surface et qui justifient autant d'injections en sous-sol, notamment pour la consolidation des fondations.
De ce fait, il arrive fréquemment que des galeries soient subitement bouchées, des puits d'accès soudés, des échelons sciés.
Si malheureusement, un éboulement vient à couper votre retraite, il y a de fortes chances pour que les catacombes deviennent aussi votre tombeau, comme
à tant d'autres...L'histoire que nous allons ici vous raconter a parfois été considérée comme une légende alors qu'elle provient d'une réalité indiscutable, la personne mise en scène en l'occurrence n'est pas non plus un mythe, comme certains l'ont supposé. Par contre, son nom était prédestiné puisqu'il s'agit de Philibert Aspairt.
En 1793, Paris connaît la Terreur comme ce sera hélas bien souvent le cas dans son histoire. Le 3 novembre, alors
que la capitale est en pleine agitation, notre homme qui est en fait un simple portier du Val-de-Grâce, décide d'utiliser les catacombes et plus précisément les carrières
situées sous le Val-De-Grâce comme moyen à la fois pratique et discret afin de rejoindre le caveau des Chartreux. Ce qui l'y intéresse n'a certainement rien
d'historique, de religieux ou de très culturel, ce serait plutôt la fameuse liqueur, la Chartreuse, qui a fait la réputation de cet ordre. Il sait
parfaitement où se trouvent entreposées les bouteilles, vous pensez bien ! Ce n'est certes pas la première fois qu'elles reçoivent sa visite, mais
aujourd'hui Philibert a plus que jamais besoin de passer inaperçu.
Aspairt est sûr de son coup, il a fait des calculs, étudié le topo et le
voici qui s'avance à l'aide d'une chandelle vers le caveau distant de quelques centaines de mètres tout au plus.
Seulement voilà, entre les calculs réalisés en surface, à l'aise, et la réalité du terrain, il y a une solide différence ! Quelques centaines de mètres
dans les catacombes cela représente déjà un fameux labyrinthe dans lequel il n'est pas si facile de s'orienter qu'il n'y paraît. Notre homme ne va pas
tarder à s'apercevoir de son erreur et, toute honte bue (à défaut de la Chartreuse !), il décide de rebrousser chemin, la meilleure chose à faire
d'ailleurs, la plus sage. Mais c'est aussi sans compter sur les aléas qui guettent tous les visiteurs de ces souterrains. Le voilà qu'il trébuche,
sa chandelle s'éteint et il se retrouve seul, perdu, dans le noir, sans que personne n'ait eu connaissance de son expédition.
On imaginera aisément le désarroi de notre infortuné compère qui s'en ira, parfois à quatre pattes, à tâtons dans l'obscurité la plus profonde, se
heurtant ça et là, à la recherche d'une sortie qu'il ne trouvera jamais. Et en fait de chartreuse, ce sera finalement d'une mise en bière dont il sera question !
Pour la petite histoire, sachez que c'est le 30 avril 1804, soit 11 années plus
tard, que des ouvriers de l' I.G.C. ont découvert son corps et ont pu l'identifier grâce au trousseau de clefs qu'il portait.
Philibert Aspairt fut inhumé sur place et on érigea même un monument à sa mémoire. Il est plus que probable que ce monument ait été placé là
principalement en guise d'avertissement adressé à ses émules éventuels. Le monument est encore visible de nos jours et on peut y lire l'inscription
suivante "A la mémoire de Philibert Aspairt perdu dans cette carrière le 3 novembre 1793, retrouvé 11 ans après et inhumé en la même place le 30 avril 1804.
Le plus frustrant de l'histoire réside peut-être dans le fait que, sans le savoir bien sûr, Philibert est décédé à quelques mètres seulement de son but.
Il était donc à deux doigts de réussir !
Vous reprendrez bien un petit verre "pour la route" ?
Deux doigts seulement !
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