Hercule Poirot

Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

LE PAYS DES SORCIÈRES : ELLEZELLES (Belgique) -

Hercule Poirot


Nombre de nos lecteurs ont été franchement étonnés d'apprendre qu'Hercule Poirot, le célèbre détective privé belge, porté à l'écran et immortalisé par Agatha Christie, était né à Ellezelles ! C'est vrai qu'à force de célébrité et de cinéma, certains personnages finissent parfois par acquérir une substance, une réalité particulière, comme si leur existence était devenue une évidence alors que, faut-il le dire ? Hercule Poirot est bien sûr un héros purement imaginaire !
Sale coup pour cette belle région d'Ellezelles qui se veut l'un de nos plus beaux fleurons du folklore, que cette histoire présentée comme bancale dès le départ ? Cela reste à voir...

Bon ! Chacun le connaît comme il a pu le voir à l'écran, par exemple sous les traits de Peter Ustinov, en petit bonhomme plutôt bedonnant mais à la redoutable intelligence, capable de démêler les situations les plus étriquées, les énigmes les plus difficiles. Mais qui donc et pourquoi lui aurait-on attribué Ellezelles comme localité de naissance ? Serait-ce encore là l'une des idées de Jacques Vandewattyne, par hasard ?

Bien évidemment, il s'agit d'un canular ! Nous n'allons pas tarder à nous en rendre compte, le démontrer et à en dénouer les rouages grâce à nos "petites cellules grises " (à défaut peut-être de moustaches cirées !)

Au café Charlot à Ellezelles, on trouve scotché au zinc, un prospectus verdâtre qui signale, à la manière d'une plaque commémorative, que cette commune a le privilège de compter parmi ses ancêtres l'un des héros de roman noir les plus connus au monde.

On lit bien : "Hercule Poirot, né le 1er avril 1850, à Ellezelles." D'ailleurs, sur les murs de l'Hôtel de ville ainsi que sur le parcours des sentiers de l'étrange, on trouve des céramiques à l'effigie du personnage rondouillard, des oeuvres de "Watkyne" alias JV (mais non, voyons ! Pas Jules Verne ! Jacques Vandewattyne pardi, combien de fois faudra t-il vous le dire ?) et de Christian Pieman.

Bien sûr, pour qui ignore que les habitants du coin sont à la fois un peu naïfs (dans le sens de "qui acceptent facilement la plaisanterie") et à la fois très astucieux, pour qui ne fait pas le rapprochement entre la date fatidique du 1er avril et les fameux poissons, il y a de quoi se poser des questions. Les autres auront déjà flairé la farce. Mais ce qui est intéressant, c'est que les habitants jouent le jeu !

C'est l'une des raisons pour lesquelles nous vous invitions (page précédente - en principe, car tout dépend de l'itinéraire que vous aurez choisi pour arriver jusqu'ici dans cet imposant dossier !) à réaliser votre propre mini enquête sur la question en vous rendant sur place. Avec un peu de chance, vous assisterez à une série de petits gags, volontaires ou non, qui entretiennent la confusion, ménagent une certaine incertitude au travers de jeux de mots, de possibilités de quiproquos, tout cela provenant de l'esprit quasi inné de répartie des ellezellois.

Bien sûr, tout est possible et vous pourriez aussi tomber sur quelqu'un qui vous dévoile immédiatement le pot aux roses (mais quel poteau rose ?). Qu'importe finalement puisque tout repose sur de l'anecdotique...

Voyons donc comment les choses pourraient se passer : le sketch continue.

"C'est pour Hercule Poirot ? Vous tombez mal, c'est mon beau-père, mais il vient de partir en vacances au Kenya", répond le tenancier de la buvette du club de foot d'Ellezelles. (Ce même club de foot que le diable vient de critiquer lors du dernier sabbat pour ses piètres résultats d'ailleurs).
Explication : le beau-père, par ailleurs facteur, tient dans toutes les manifestions festives du bourg et de ses hameaux le rôle d'Hercule, en costume trois-pièces, un bégonia à la boutonnière, un déguisement pour pantomime dont le gaillard est un spécialiste. Du coup, on croit voir Poirot à tout bout de champ, dans un coin du bar Charlot par exemple, où l'individu qui termine sa bière porte des moustaches ostensiblement années 20 : lisses, pommadées, recroquevillées sur le nez. Questionné sur une éventuelle filiation avec le détective, il ne se démonte pas : "Euh, non, je n'ai personnellement pas de lien de parenté avec l'illustre Hercule." En somme, en cherchant bien, on finirait pas trouver un arrière-petit-fils déclaré tant les Ellezellois semblent s'être peu à peu imprégnés de l'univers d'Un mort dans les nuages.
Le sens de la mise en scène (?) et l'esprit de quiproquo sauvent donc provisoirement la situation. Mais poursuivons plutôt notre petite enquête, rien que pour l'amusement.

C'est vrai que Ellezelles pourrait servir de décor aux crimes provinciaux. A 3 heures du matin, le scénario de Meurtre au champagne serait assez crédible dans les résidences de campagne environnantes ou à l'hôtel très 19è siècle dit "le château du milord". En 1951, les Presses de la Cité publiaient un roman de l'Anglais Peter Cheyney: La Dame en noir. Surnommé "le Belge libre" un certain Ernest Guelvada "né dans une boulangerie d'Ellezelles" traverse le livre le couteau à la main toujours prêt à trancher les gorges ennemies.

Cependant, le document attestant de la naissance d'Hercule Poirot à Ellezelles ne résistera pas longtemps à l'autopsie car on sait qu'il vit le jour, sous la plume d'Agatha Christie en 1920 (il aurait donc déjà eu 70 ans à l'époque, pas mal !) et qu'il finit sa carrière littéraire cinquante-cinq ans plus tard dans Poirot quitte la scène. Soit à l'âge de 125 ans. Mais bien sûr, tant qu'à raconter des blagues, autant y aller à fond ! Cependant, rien n'empêchait non plus la romancière d'évoquer des faits antérieurs en utilisant le nom de ce personnage qui aurait pu lui raconter ses mémoires.

La réalité est toute autre et bien belge !

Qu'est-ce qui a bien pu pousser Ellezelles à s'octroyer le titre de village natal d'Hercule Poirot ? à faire déplacer ici le journal "Le Soir", la télévision nationale et la radio ?

Mais bon Dieu, mais c'est bien sûr : Ellezelles a piqué Poirot parce que Agatha Christie l'avait fait belge et parce que Ellezelles est éminemment belge. Comprenez ni complètement wallon bien que francophone, ni franchement flamand bien que la frontière linguistique passe à moins de 5 kilomètres.

La belgitude est bien dans cet entre-deux : ici et là, forte mais un peu nulle part. Entre les lignes...

Dans l'hôtel de ville, Christian Pieman et Hubert Van Rechem, les employés communaux, peuvent, sans rire, conserver, exhiber et archiver le vrai-faux acte de naissance d'Hercule Poirot : "Le 1er avril 1850, Jules Louis Poirot et Godelieve Van Prei ont donné naissance à Hercule Jacques." Il est important de signaler ici que "Van Prei" en flamand signifie "de poireau", joli jeu de mots ! par ailleurs "Jules Louis" est de consonance parfaitement francophone tandis sur Godelieve Van Prei est typiquement flamand. Le détective moustachu serait donc bien le type idéal belge, le fruit d'un mariage mixte. De cette "Union qui fait la force".
A Ellezelles, entre Flandre et Wallonie, les gens ont eu raison de se rendre complices de la petite imposture. De statufier ce héros de papier. De lui donner des racines. De donner un village natal, un père et une mère, bref un berceau, à une légende qui rassemble.

En Belgique, lorsque l'on connaît les frictions communautaires et linguistiques, cela revêt une très grande importance.
Mais encore fallait-il le savoir !

Vue partielle du parc du château de Milord, à Ellezelles.

Nous ne serions pas complets si nous n'évoquions pas le parallélisme relatif existant entre Hercule Poirot et l'autre célèbre détective Sherlock Holmes. Tous deux ont en effet une certaine attirance pour les choses du surnaturel. Conan Doyle lui-même aussi d'ailleurs.

Citons un roman qui mérite tout à fait de figurer ici :

La Fête du potiron (Halloween Party dans les éditions originales anglophones) est un roman policier écrit par Agatha Christie, publié en 1969, mettant en scène le détective belge Hercule Poirot et l'auteur de romans policiers Ariadne Oliver, auto-caricature d'Agatha Christie.

Ce roman a reçu un nouveau titre français, le Crime d'Halloween, lors de sa réédition dans la collection "les Intégrales" en 1999.

Résumé : Mrs Drake a organisé chez elle une soirée Halloween. Les enfants participent aux préparatifs, avec l'aide d'Ariadne Oliver. Une fillette à la langue bien pendue, Joyce, se vante devant Mrs Oliver d'avoir assisté à un vrai meurtre. Tout le monde lui rit au nez : Joyce ne sait plus quoi inventer pour se rendre intéressante. La fête est un vrai succès mais, après le départ des invités, on découvre le cadavre de Joyce dans la bibliothèque. Mrs Oliver fait alors appel aux services d'Hercule Poirot...

 

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