Le Sabbat d'Ellezelles - le loup garou

Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

LE SABBAT DES SORCIÈRES
À ELLEZELLES ET SON LOUP-GAROU


A en croire les annales des affaires en rapport avec ce qui donna par la suite la reconstitution du sabbat d'Ellezelles, les habitants de cette petite localité du Hainaut occidental n'eurent pas uniquement à souffrir des méfaits et autres sortilèges causés par les sorcières. Ce n'étaient pas seulement des crapauds que l'on retrouvait en surnombre dans des endroits incongrus, pas uniquement des chats noirs que l'on pouvait croiser en abondance aux détours des chemins, il n'y avait pas que les bestiaux qui périssaient de manière plus que suspecte ainsi que d'autres fléaux du même genre, il y avait aussi un autre point très particulier qui méritait toute notre attention et qui est remonté jusqu'à nous dans la tradition folklorique de Jacques Vandewattyne.
Il semble en effet qu'en plus de tout ces problèmes qui affligeaient les villageois de l'époque, que toute la région des collines était terrorisée par un loup-garou !
Il s'agit là d'un phénomène très intéressant car les cas de lycanthropie ne sont pas des plus répandus en Belgique, même si l'on connaît évidemment quelques cas en France, pays limitrophe et que l'on pourrait imaginer la migration de spécimens dans notre pays. Il faut malheureusement également constater que la documentation relative aux faits est loin d'être abondante. On trouve tout au plus l'un ou l'autre passage qui mentionne les méfaits d'un loup-garou dans la région d'Ellezelles...

Le loup-garou et d'autres joyeux drilles lors de la répétition, avant le sabbat.

Comme quoi, l'obscurité change bien des choses...

Le loup-garou hantait nos collines. Ils s'attaquait aux "scrineux"; isolés (ceux qui participait à la veillée). Il leur sautait sur le dos, leur enfonçait ses griffes dans le cou et se faisait porter. Nos campagnards avaient une réelle frousse de cet être, mi-homme, mi-loup.

Nous sommes bien obligés d'extrapoler et de lire entre les lignes pour supposer que les faits relatés se déroulaient à la même époque et que l'on pouvait faire un rapport de cause à effet entre ce loup-garou et les sorcières. On peut imaginer par exemple que des paysans aient été attaqués par quelque bête sauvage à laquelle ils attribuaient un caractère diabolique ou maléfique en raison de son agressivité. Certains animaux peuvent parfois être décrits comme tels, notamment certains mustélidés, bien que ces derniers n'attaquent théoriquement jamais l'homme, sauf peut-être pour défendre leurs petits ou s'ils sont dérangés, blessés, etc. Mais les cas demeurent très exceptionnels. Il reste bien sûr aussi la possibilité de loups tout ce qu'il y a de plus classiques mais dans ce cas pourquoi avoir ajouté le qualificatif de "garou" ? Affabulation ? Hallucinations collectives dues à la phobie des sorcières ? On ne le saura probablement jamais!  Nous avons rencontré la personne qui joue le rôle du loup-garou...


Nous nous contenterons pour l'instant d'en revenir aux festivités du sabbat proprement dit pour signaler une autre évolution dans le déroulement de celles-ci.

Lors des premières éditions, et notamment au cours de l'une de celles qui eurent lieu dans les années 1970 et à laquelle j'assistai étant gamin, en compagnie de mon père, le loup-garou était bien présent parmi les comparses qui assuraient l'animation et le spectacle. Mais il agissait en retrait. Alors que, déjà à l'époque, les sorcières évoluaient dans un même espace central. Les spectateurs étaient donc très surpris (bien que la plupart s'y attendaient s'ils avaient pris connaissance du programme) de voir surgir d'un talus ou d'un fossé, un énergumène déguisé en loup-garou ! Ce dernier se précipitait vers les badauds en grognant et en grondant, les prenant à revers, toutes griffes dehors. Gageons que certain(e)s en furent quitte pour une belle frousse, surtout lorsque l'on sait que tout se passe dans l'obscurité et que l'ambiance est propice aux imaginations les plus délirantes ! Mais de nos jours, le loup-garou se tient désormais sur la piste centrale, en compagnie du diable, des sorcières, voire des villageois et sa présence paraît (du moins pour ceux qui ont connu les sabbats d'antan) un peu "bizarre" et, c'est le cas de le dire, déplacée...

Nous croyons pouvoir avancer une explication à cet état de choses. Il y a fort à parier que notre loup-garou eut un jour affaire à des gens qui ne s'en laissaient pas facilement compter, peut-être un peu susceptibles ou éméchés (si pas les deux) et qui se retournèrent contre leur "agresseur" qui n'avait pourtant pour seul but que d'amuser la galerie. D'agresseur, notre "brave" loup-garou serait alors devenu agressé et il jura bien qu'on ne l'y reprendrait plus!


Quant à nous, hé bien nous l'avons rencontré ce loup (garou ou pas !) et, ma foi, il s'agit d'un solide gaillard d'âge mûr (dans les éditions de jadis, il s'agissait presque d'un gamin) très sympathique au demeurant, portant effectivement un superbe déguisement, agrémenté d'un maquillage de circonstance, de graisse sur le corps et de... lunettes qui font comprendre que - hé oui ! - le temps passe pour tout le monde.

Comme vous pouvez le voir sur l'une des deux photos, prises lors des répétitions, le loup-garou est aussi parfois équipé d'une... pinte de bière - peut-être de la Quintine. Mais chut ! Il ne faut le dire à personne et surtout pas au diable, son patron avec qui il est intime mais qui n'aime pas que l'on boive pendant le service !

Après toutes ces joyeusetés, on en revient au déroulement du sabbat.

D'une part, le diable va devoir se choisir une compagne, celle qui sera la reine des sorcières (et si on lit entre les lignes, ce sera bien évidemment Quintine). D'autre part, il y aura l'intervention des villageois et des autorités qui viendront se saisir de Quintine pour la faire rôtir sur le bûcher.

C'est que l'on conçoit assez mal un sabbat - ou une messe noire - sans qu'il ne soit au moins un peu question de sexe. On sait que le diable est très porté sur la question, ne le compare t'on pas à un bouc ? On sait aussi qu'il s'en passait de drôles dans ces sabbats, où les sorcières devaient paraît-il embrasser l'arrière-train de cet animal à cornes, parfois évoluer nues et s'accoupler de manière très impudique. Mais ici, naturellement, les choses seront beaucoup plus correctes, en tous cas en ce qui concerne le spectacle, nous ne parlons donc pas de ce qui pouvait se passer dans les gradins improvisés de la butte de l'Aulnoit, ou derrière certaines tentes...

On assistera ainsi notamment à certaines danses très réussies d'un groupe de jeunes gens de l'Académie de Mons et on entendra le diable parler avec emphase d'un sentiment qu'on lui connaît rarement : l'Amour. Il reconnaît bien volontiers toutefois que cela ne sera "que pour la nuit".

Faut-il comprendre que cette liaison ne sera que pour le sexe, le roi des ténèbres étant hermétique aux sentiments ? Nous n'épiloguerons pas sur le sujet mais on remarquera que son concept de la beauté physique chez une femme est très éloigné de nos canons habituels et ni Milla Jovovitch ni Claudia Schiffer ne doivent craindre quoi que ce soit. En effet, le président des enfers semble bien plus attiré par les verrues des sorcières ou leur nez crochu. Il se complait auprès de personnes qui sentent le vert bouc, ont le visage qui accuse de profondes rides...
En cela, il devait être ravi en compagnie de toute cette clique de sorcières plus horribles les unes que les autres !

A chacun ses goûts !

Les danseuses sont décidément loin de rappeler l'esprit démoniaque du sabbat.  Cette touche de féminité et de grâce est la bienvenue et un peu de douceur ne fait de mal à personne, n'est-ce pas ?

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