Peut-on espérer prouver l'existence de Dieu grâce aux possessions démoniaques et aux exorcismes ? Rien n'est moins sûr, nous venons de le voir à la page précédente.
Nous avons dit que les cas réels et probants étaient rares, que par la force des choses on n'en faisait guère de publicité et que le cinéma finissait par en faire une
contre-publicité à force de publicité. La narration de ce genre d'événements ne touchera le public que dans ses vues personnelles, lui laissera son libre-arbitre et ne
permettra théoriquement pas de lui faire changer d'avis. Si on est croyant, on y croira grâce à la foi. Si on est athée, on aura beau jeu de tout rejeter en bloc et de
demander des preuves supplémentaires.
Il est vrai que, avant qu'un cas de possession ne soit considéré comme tel par le Vatican, il faudra bien évidemment que toutes les autres possibilités
aient été épuisées. On aura donc d'abord fait appel à un médecin, lequel s'avouera incompétent ou trouvera une affection en rapport, qu'il pourra soigner ou pas. Toutefois,
dans les cas réels, un médecin peinera à expliquer les autres phénomènes,
extérieurs au domaine strictement médical, tels que les déplacements d'objets, la lévitation, le phénomène de poltergeist (les coups frappés dans les murs). Il est pourtant
reconnu que certains de ces phénomènes se produisent parfois au moment de la puberté. Or, les cas de possession sont "fréquents" à cet âge. Mais là encore toute confusion
reste possible.
Sur le plan médical on dira que l'individu subit une période de trouble due aux modifications physiques et psychologiques, à des changements
d'ordre hormonal, des conflits intérieurs et que, inconsciemment, le sujet a recours à des recoins de nos possibilités physiques ou mentales qui
défient encore notre entendement actuel sans pour autant pouvoir être intégré au rang des phénomènes inexplicables.
Sur le plan religieux, on dira que l'éveil à
la sexualité constitue une porte ouverte pour les démons (mais ce terme peut lui-même revêtir une vue de l'esprit) de même qu'une certaine vulnérabilité psychologique et
que les conflits avec le monde extérieur (les parents, les proches), les problèmes d'identité (ces problèmes peuvent justement s'interpréter de manière très différente à
ce niveau) peuvent engendrer les phénomènes, tout autant que la possession.
On le conçoit aisément, le diagnostic ne s'avère pas si évident à ce stade.
Les phénomènes de cognition spontanée (comment mon enfant peut-il à la fois prendre exactement la même voix que la personne disparue, comment peut-il être au courant de
ces choses ?) pour spectaculaires et dérangeants qu'ils puissent être, peuvent aussi trouver des explications rationnelles. En effet, chacun conviendra que nous avons
parfois tendance à considérer nos enfants comme des imbéciles alors qu'on est loin du compte ! Ils en savent bien plus que nous le pensons ! Nous parlons parfois, entre
adultes, à voix basse et à mots coupés alors qu'ils jouent dans la pièce d'à côté, apparemment très absorbés par leurs activités ludiques. Mais nous serions parfois très
étonnés de constater tout ce qu'ils ont pu retenir de ces conversations qui n'étaient nullement destinées à leurs chastes oreilles ! Nous les croyons parfois profondément
endormis alors qu'ils écoutent très attentivement à la porte, quand ils ne regardent pas aussi par le trou de la serrure ! Il ne faut jamais oublier que les enfants sont
très curieux du monde qui les entoure et s'ils ne retiennent que très difficilement certaines choses (par exemple la géométrie ou la conjugaison) dès qu'un sujet les
intéresse ils deviennent au contraire hyper-réceptifs !
Chacun connaît la blague où deux enfants parlent ensemble : le premier dit à l'autre : "J'ai trouvé un préservatif dans la véranda" ! Et l'autre répond : "C'est quoi une
véranda" ?
On peut donc conclure que les possédés restituent
simplement des informations qu'ils ont apprises à notre insu, parfois par des procédés très détournés, mais certainement sans aucune intervention diabolique. Il en va
tout autrement lorsque la restitution d'informations particulières sort carrément des sphères de connaissance possibles et s'articulent autour de structures parfaitement
inaccessibles au sujet. Ce point a été très bien mis en évidence dans l'Exorciste" (plus exactement dans le livre, dont nous ne pouvons que vous conseiller la lecture en
complément du film). L'enfant y parle des langues étrangères... et à l'envers !
Evidemment, surtout dans un premier temps, ce phénomène apparaît comme un abominable charabia parfaitement incompréhensible et dépourvu de sens. Il faut être très
observateur, érudit et avoir l'esprit vif pour se rendre compte, au besoin en utilisant certains procédés techniques adéquats, de ce dont il s'agit.
Soyons clairs : un enfant en âge de la puberté pourrait très bien avoir appris certaines locutions latines, grecques ou hébraïques, voire avoir appris de petits textes par
coeur. Mais il lui est théoriquement impossible d'acquérir la maîtrise de la langue dans le cadre d'une conversation. Entendez : il lui est en principe impossible de
soutenir une conversation digne de ce nom dans l'une de ses langues parce que cela dépasse notoirement ses possibilités d'apprentissage et d'extrapolation. Quant à pouvoir
exprimer ce genre de conversation, relevant déjà du tour de force, à l'envers (soit mot pour mot soit, encore pis, lettre par lettre) c'est absolument impensable car cela
justifie à la fois des connaissances inaccessibles et à la fois une gymnastique de l'esprit proprement insoutenable, même pour des adultes aguerris.
Rappelez-vous de l'exemple cité dans l'Exorciste, où Reagan sort: "Godmorfemocion".
Qu'est-ce que cela veut dire ? Mettez-le à l'envers et vous obtiendrez : "Noicomefromdog". Ce n'est pas beaucoup plus compréhensible !
Mais séparons les mots pour obtenir : "No I come from dog" Ce qui, en anglais, veut dire: "Non, je viens d'un chien" !
Ceci répondait à la question qui lui était proposée par l'un des exorcistes ou psychiatres. Passons bien sûr sur l'utilisation de l'anglais puisque
c'était la langue utilisée initialement dans la version originale du film, mais nous remarquerons des choses absolument remarquables :
- En anglais, "dog" veut dire "chien", mais "dog" est aussi l'inverse de "God" (Dieu !), il s'agit donc d'une manière très habile de blasphémer le nom de Dieu, ou d'essayer
de le ridiculiser. Ce point peut difficilement appartenir au raisonnement d'une fillette de l'âge de Regan. Parler ainsi à l'envers, lettre pour lettre est également
inaccessible à ses facultés normales. On remarquera de plus que, historiquement, le démon est sensé provenir d'un chien (ou plus exactement d'un chacal ou d'une hyène, bref
un représentant du monde canin. Il est facile de comprendre que la cumulation de l'usage de toutes ces données inaccessibles à l'enfant et de son mode d'expression en font
un phénomène absolument inexplicable par des procédés de médecine ou de psychiatrie classiques.
Les cas de lévitation, pour spectaculaires et incroyables qu'ils puissent paraître, n'échappent pas aux critiques des sceptiques puisque, malgré qu'il
s'agisse d'un défi aux lois de la pesanteur, ce phénomène est déjà décrit de longue date chez certains moines tibétains. Le fait que ce phénomène soit mis en doute
alimente bien sûr la controverse, celui qu'il appartienne à une communauté religieuse, indépendante de la foi catholique d'autre part, n'arrange pas les choses et nous
sombrons en pleines contradictions paradoxales qui ne font qu'augmenter la confusion tout en n'expliquant strictement rien. On n'explique pas un mystère à l'aide d'autres
mystères !
Or donc, pour que les cas de possessions puissent en
arriver à prouver l'existence de Dieu aux yeux de certains, il faudrait que l'accès aux phénomènes soit beaucoup plus facile, que les cas soient beaucoup plus nombreux tout
en conservant leur caractère essentiellement inexplicable.
Dans ce cas, les spectateurs seraient peut-être convaincus.
Cependant, depuis que l'on se pose des questions sur l'existence de Dieu, autrement dit depuis que le monde est monde, on ne manque pas de phénomènes, dont certains ont été
appelés "miracles" et qui en ont convaincu plus d'un. Mais même les miracles ne sont pas toujours venus à bout du scepticisme et les convaincus ne constituent jamais la
totalité. Et après tout, qu'est-ce qu'un convaincu sinon un nouveau croyant qui se heurtera au scepticisme des autres ?
Il nous faut donc bien reconnaître que même les cas de possession sont insuffisants pour démontrer l'existence de Dieu de manière formelle. Et n'est-ce pas normal à partir
du moment où l'on réfute déjà l'existence de ces cas ?
Nous ne pourrons toutefois pas résister à la tentation (?) de citer quelques cas célèbres faisant état de possessions
démoniaques. On en trouve déjà dans le Nouveau Testament, partie de la Bible qui a été décrit sous le témoignage de personnes dont l'existence a été authentifiée, durant la
vie de Jésus-Christ dont on a déjà parlé de l'existence historique. Dans l'une de ces narrations, la possession est considérée comme un phénomène assez banal. Jésus
transfère la "maladie" a un troupeau de cochons qui se jette finalement d'une falaise.
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