La "preuve" par les cas de possessions et les exorcismes
Pour
qui ne croit pas en Dieu et à qui des preuves tangibles, concrètes, réelles et, de préférence, spectaculaires sont nécessaires, voire indispensables, le cas des possessions
démoniaques et des exorcismes constituerait évidemment un sujet de choix. Chacun a très certainement déjà entendu parler de ce genre de phénomènes que l'on relate, de temps
en temps, dans la presse. Pratiquement tout le monde aura vu, revu et vu (avec ou sans les 11 minutes de bonus de scènes coupées lors de la première version) le film culte
en la matière : "L'Exorciste". D'autres auront lu le livre de William Peter Blatty, et d'autres encore, comme nous, auront fait le tout, en y ajoutant le reste de la
trilogie (Mais les suites du film initial sont décevantes, pour ne pas dire qu'il s'agit franchement de navets !)
Que dire de tout cela et s'agit-il réellement de preuves formelles de l'existence de Dieu ? C'est malgré tout discutable. C'est en tous cas discuté.
Si l'on part du postulat que si Dieu existe, alors le Diable existe forcément aussi (on pourrait comparer cette théorie à celle qui prétend qu'à toute action correspond une
réaction ou, sur un plan plus général, qu'à tout principe il existe un principe inverse), ce qui semble pouvoir aisément se vérifier puisque l'on peut très facilement
opposer le Bien au Mal (*), on constate qu'il semble plus facile de croire en l'existence de ce dernier plutôt qu'en Dieu lui-même. En effet, nous n'avons aucun... mal,
à nous rendre compte que celui-ci est omniprésent. Lorsque l'on regarde le journal télévisé, il ne faudrait pas insister beaucoup pour parvenir à nous faire croire que tout
cela, toutes ces guerres, ces conflits, ces meurtres, ces tortures, ces drames, est orchestré par un être supérieur qu'il ne fait pas bon de fréquenter.
Seulement, que ce soit pour le Mal ou pour le Bien, il y a une solide différence entre constater leur existence en tant que valeurs fondamentales et les attribuer à un être,
une entité supérieure, un esprit et, en extrapolant pour les besoins de notre entendement très limité, disons "une personne" que l'on nomme "Dieu" ou "Diable".
Il est tout aussi facile de prétendre que toutes les atrocités dont nous venons de parler sont le fait du destin, de la fatalité, de la bêtise humaine, de nos
travers éternels. Il suffit d'évoquer les mouvements des plaques tectoniques pour expliquer le tsunami qui a dévasté l'Asie. On n'a pas besoin de Dieu ni du Diable
pour l'expliquer.
En ce qui concerne les cas de possessions démoniaques et leur corollaire : les exorcismes, l'affaire est différente. Ce n'est toutefois pas pour autant que les
sceptiques et les athées capitulent.
Ce qui permet de mettre les cas de possessions démoniaques
sur le compte du diable réside dans la nature même des phénomènes. La personne possédée se livre à toutes sortes de contorsions abominables, profère des
calomnies, des propos d'une grossièreté inouïe, des blasphèmes, des paroles qui, en tous cas, démontrent une très grande aversion pour les choses de Dieu. Le
comportement de la personne atteinte se différencie très fortement de celui de son état normal, le contraste est palpable, visible, évident, manifeste. La transformation
n'est pas seulement d'ordre psychologique et comportemental, elle est aussi physique car la voix de l'individu change aussi profondément, devient
caverneuse (Le regretté professeur Dierkens assurait quant à lui que ce genre de choses était à la portée de tout le monde), peut prendre le timbre et la tessiture d'une
autre personne, éventuellement décédée (et voilà qui est plus compliqué !). Des agressions sont commises vis-à-vis de l'extérieur (entourage,
médecins, exorcistes) mais aussi, et peut-être surtout, contre elle-même. Si on y prend garde, elle pourrait facilement se mutiler ou, à tout le moins, s'occasionner
diverses blessures plus ou moins graves (que certains attribueront au dermographisme). Des traces de mauvais traitements apparaissent également spontanément
sur le corps de la victime, sans raisons apparentes. Il semblerait donc que le phénomène prouve une aversion contre l'enveloppe corporelle de l'individu lui-même.
Or, on sait (si on pris la peine d'étudier le sujet) que les démons et autres esprits mauvais vouent une haine infinie causée par leur profonde jalousie d'être
dépourvus de corps, de matière, par rapport aux humains. L'observation de cas de possessions démoniaques permet aussi de mettre en évidence des réactions très marquées
quant aux principes religieux. L'individu supporte très mal, par exemple, l'aspersion d'eau bénite, le signe de la croix, la présence de l'hostie consacrée, celle d'un
prêtre, etc. Or, ceci se remarque quelles que soient les affinités du sujet par rapport à une confession quelconque, indépendamment des religions pratiquées et
même en l'absence de celles-ci. Il s'agit somme toute;d'un "standard". Il est donc facile d'établir, par la simple observation,
ce rapport de cause à effet entre la possession et une réaction d'hostilité profonde vis-à-vis de Dieu. On pourrait donc conclure qu'il s'agit du fait du diable ou
d'un démon. Et par conséquent, cela tendrait à prouver l'existence de Dieu lui-même.
Seulement voilà, encore une fois ce n'est pas si facile !
Premièrement, parce que les cas de possessions démoniaques ne sont pas monnaie courante (C'est du moins ce que prétendent la quasi totalité des
hommes d'Église, mais une autre version prétend qu'il en irait autrement, de manière occultée par le Vatican). La multiplicité des exemples n'est manifeste
que dans les cas de possessions secondaires, c'est-à-dire les cas dans lesquels les personnes sont possédées mais les manifestations qui accompagnent cet
état de choses sont loin d'être aussi spectaculaires et peuvent passer pour des cas de schizophrénie, des coups de folie passagers, des troubles psychologiques plus ou
moins marqués, voire des crises d'alcoolisme ou d'épilepsie. On ne peut pas s'appuyer sur ces cas que seuls les spécialistes pourront appréhender et différencier.
Deuxièmement, parce que les cas réputés réels peuvent eux-mêmes être mis en doute quant à leur authenticité. Le Vatican lui-même se montre très prudent
et très réservé quant à l'authentification des cas de possession. De ce fait, les cas dans lesquels il est réellement fait appel à un prêtre spécialisé en matière
d'exorcismes sont extrêmement rares (parce que l'on envoie prioritairement des prêtres "psychologisants" au contraire des "diabolisants"). En définitive, les
cas "absolus" et "irréductibles" finissent par figurer au rang des exceptions. Troisièmement, comme les phénomènes accompagnant les cas de possession sont non
seulement dangereux pour l'entourage, constituent autant d'épreuves qui peuvent s'avérer traumatisantes et sont ponctués d'insanités verbales et de révélations sur des
personnes disparues, entendez donc "des affaires privées", on peut facilement comprendre que les proches de la victime ne désirent pas forcément que l'affaire fasse l'objet
d'une publicité particulière.
Autrement dit, les exemples qui demeurent accessibles
sont le plus souvent occultés par le caractère même de leur évidence ! Parallèlement, le cinéma, pour ses besoins propres de scènes spectaculaires, bien sanglantes, bien
choquantes, afin de mieux attirer le spectateur (et surtout son portefeuille) rallonge la sauce à coups d'effets spéciaux en veux-tu en voilà. Ceci n'est pas sans
présenter un aspect assez pervers pour le commun des mortels, et même parfois pour des enquêteurs chevronnés tels ceux du CERPI. En effet, "à force" de nous asséner
des coups vaches dans l'estomac, pour mieux le retourner, cela devient si fort que c'en est trop ! Trop de crédibilité nuit à la crédibilité. C'est un peu comme
dans certaines enquêtes policières où l'accusé est accablé de tant de preuves qui pèsent contre lui que cela en devient invraisemblable (et dans ce cas précis,
ce sera finalement la personne que l'on soupçonnait le moins qui sera coupable. Heureusement, Colombo était de la partie !) (*)
Les notions de Bien et de Mal ne sont malheureusement pas toujours aussi fondamentalement opposées qu'elles paraissent. Sur le plan philosophique, on pourrait
même dire que l'un n'existe pas sans l'autre (Principe du Yin et du Yang). En effet, si le monde n'était constitué que de "bien", on ne connaîtrait pas le mal et vice
versa. Logique ! Mais dans de nombreux cas, les deux pôles, apparemment très différents, s'entrecroisent de manière déroutante. La guerre, c'est mal puisque l'on tue des
gens et que l'on détruit beaucoup. Triste constatation, nous en conviendrons bien volontiers, que de s'apercevoir que les soldats considèrent comme "bien" de trucider ceux
d'en face, lesquels pensent la même chose de leur côté. Évidemment, si les uns ne le font pas, les autres s'en chargeront ! Pourtant, les avantages acquis par la succession
de ces petites "victoires" individuelles (si l'on ose s'exprimer ainsi) visent au but final de la "libération", ou de la chute d'un régime oppressant, d'un dictateur, etc.
La quantité totale de tués entraînera des modifications sur la surpopulation éventuelle d'un pays et, défait lors d'une guerre particulièrement meurtrière, sa situation
démographique s'en trouvera améliorée ce qui résoudra des problèmes de chômage. La politique de reconstruction d'un pays entraînera des avantages économiques et, à ce propos,
certains n'hésitent pas à dire que, lors de la dernière guerre mondiale, l'Allemagne s'en est sortie gagnante, au moins sur le plan économique !
Pour les sado-masochistes, les notions de bien et de mal sont plutôt différentes de notre vision courante. On pourrait multiplier les exemples à l'infini pour
prouver que le bien n'est pas toujours aussi bien que ça et qu'il existe des maux nécessaires, des biens mitigés. C'est aussi une vue de l'esprit, un travail de
comparaison et de calcul. Rien n'est simple et cela ne nous facilite pas les choses.
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