Le lendemain de sa visite chez les propriétaires de la maison réputée "la plus hantée de Belgique", le (co)fondateur du
CERPI fait un constat surprenant. Le succès de la veille le comble certes de joie puisque son groupement est désormais dûment mandaté
pour s'occuper du dossier de 1993, il dispose théoriquement d'une belle ouverture afin de récolter les éléments indispensables pour la
rédaction du chapitre de son livre, cette nouvelle situation fait entrer son organisme dans "la cour des grands", mais en même temps
il comprend que, tout en l'espérant, il n'avait pas réellement cru à ce succès.
Il faut dire que le développement du CERPI est assez extraordinaire. L'émission Beau-Fixe, sur Bel-RTL, avec l'animateur-vedette
Jean-Michel Zecca avait mis le feu aux poudres. Le succès inespéré
de la réunion au Dynastie l'avait boosté. Sa désignation en tant qu'organisme exclusif Suricate pour la Belgique avait constitué un
plus. Quelques enquêtes rondement menées avaient assis la réputation du CERPI et sa renommée.
La prochaine publication d'un livre couronne le tout. La presse parlait du CERPI pour nombre de
raisons comme la série "Twilight"...Le CERPI était LA référence. Mais, en même temps, cette subite ascension donne le tournis. La carrosserie n'est pas prévue pour rouler avec un
moteur de Ferrari, le staff ne suit pas, le CERPI a grandi trop vite ! Beaucoup d'organismes ont vu leur anéantissement dans ce type de
situation qui, de plus, suscite les jalousies en coulisses et celles-ci ne sont pas négligeables car le CERPI fait de l'ombre à
pas mal de personnes. Il faut savoir - même si c'est triste de le constater - que le domaine des "ghostbusters", constitué
d'associations diverses qui évoluent dans le sujet, est un milieu de requins. Plutôt que d'unir leurs forces et compétences, chacun
préfère faire cavalier seul de manière à, le cas échéant, récolter toute la gloire de la découverte ou de la solution d'une énigme,
comme dans la guerre des polices (alors en vigueur) on procède de la rétention d'informations, de fausses collaborations ne distillent
que des renseignements bien connus d'enquêteurs chevronnés, en les présentant comme des secrets d'alcôves. Aussi, tous les coups sont
permis, surtout les coups bas, les stratagèmes pour débaucher les membres d'un concurrent pour l'accueillir dans ses rangs, on joue
des coudes pour arriver le plus haut possible sur les marches du podium. Le CERPI aurait-il pour autant adopté un comportement
angélique qui aurait fait de lui une exception ? En fait, plus simplement le CERPI s'est souvent montré plus perspicace à défaut de
disposer de matériel sophistiqué et d'accointances avec de grands institutions, telles que l'armée. Le CERPI n'a JAMAIS racolé
les enquêteurs des autres associations mais lorsque des "transferts se sont produits" cela a toujours été à l'initiative personnelle des
intéressés, dans un cas même, un personnage célèbre en ufologie (dont nous tairons le nom par respect, d'autant qu'il est décédé) a
supplié le CERPI de l'intégrer dans ses rangs. Mais revenons-en à nos moutons.
Dans l'immédiat, le voilà un peu dépassé par les événements, confronté à un challenge très exigeant. Car, quand on y pense, voici
le CERPI presque obligé de réussir, dans un cold case fameux datant de 18 ans, là où tous les enquêteurs ont échoué, ou bien où ils
n'ont pas pu poursuivre les investigations.
L'ENFER AU PROGRAMME !
Or, l'affaire se présente vraiment comme un épouvantail. Des difficultés se présentent à tous les niveaux, qui paraissent
insurmontables. Avec la rédaction de son livre, très chronophage, et ses obligations professionnelles "normales" (le travail pour faire
bouillir la marmite !), la gestion du CERPI, le temps lui manque cruellement. De plus, son état de santé ne s'améliore pas en
dépit des médicaments. Il aurait même plutôt tendance à se dégrader et cela le fatigue. Il ne lui sera probablement pas possible de
faire face seul à cette nouvelle enquête, son assistante ne peut pas non plus être partout, la plupart de ses enquêteurs chevronnés sont
déjà investis d'une mission importante, d'autres habitent trop loin, soit à l'autre bout du pays, soit carrément à l'étranger. Il y en a
d'autres, bien sûr, mais il ne peut pas mettre des débutants sur une telle affaire. Il lui faut des enquêteurs parfaitement opérationnels, des cadors, de fins
limiers... En fait... il faut beaucoup de choses !
Il faudrait disposer d'une documentation bien plus importante sur le
sujet, or le Net est carentiel de ce côté et on sait que la version de Maison-hantée.com, quoi que bien fournie, n'est pas complète.
Bien sûr, il sait à qui s'adresser et, au CERPI, les informateurs ne manquent pas. N'empêche : à l'époque tout le monde ne possède pas
encore de téléphone mobile et personne ne dispose de journées de plus de 24 heures ni du don d'ubiquité. Il faudrait des outils et des compétences pour investiguer valablement
sur les implications éventuelles des câbles à haute tension, sur l'aspect géobiologique des lieux, retrouver les anciens enquêteurs -
en supposant qu'ils soient encore vivants, que cela soit seulement possible et en admettant qu'ils acceptent de collaborer en dépit des
instructions de leur hiérarchie et selon qu'ils soient encore en fonction ou non. Il faudrait réaliser une enquête sur chacun des
protagonistes et même sur les enquêteurs eux-mêmes. Le dossier de 93 n'est pas le seul en cause puisque des phénomènes se dérouleraient
encore actuellement. Il faudrait aussi disposer d'une chronologie des faits et de la liste et du descriptif complet de tous les
phénomènes signalés. Et ce n'est pas tout ! Car il faudrait aussi parvenir à déverrouiller la situation vis-à-vis du parquet afin de
disposer de la fameuse cassette vidéo, voir qu'elle aurait pu être l'influence du grand prix défi zététique de Jacques Théodor, Gérard
Majax et Henri Broch. Et tout ceci, exposé dans les grandes lignes, n'est encore que bien peu de choses.
Un rapide coup d'oeil au calendrier, un petit calcul, une estimation, et le verdict tombe comme la lame d'une guillotine : l'enquête ne pourra jamais être bouclée avant la
sortie du livre. Celui-ci ayant déjà pris du retard, il n'est pas question de le postposer davantage. D'autant que, parallèlement à tout cela, éclate
l'affaire de Petit-Rechain et un nouveau rush médiatique. Le CERPI
fait à nouveau parler de lui après Twilight, dans la presse écrite
et sur Internet, où CERPI et La Porte du Temps dévoilent - avec l'accord de l'intéressé - le nom de Patrick Maréchal, le "faussaire"
de Petit-Rechain, et le chapitre concernant l'ufologie doit quelque peu être modifié. La situation est toute chaude et le moment sera
bientôt idéal pour la publication du livre.
Or donc, il ne sera plus possible d'apporter de grands changements à la version initiale prévue dans le livre en ce qui concerne
l'affaire d'Arc-Wattripont. La meilleure solution sera de signaler que le CERPI vient de recevoir l'autorisation des propriétaires de
revisiter l'affaire et qu'il faut donc prévoir des rebondissements. Ce qui est exact et honnête. C'est aussi le mieux que l'on puisse faire.
A ce moment, M. Vanbockestal ne se doute pas qu'il faudra beaucoup plus de temps encore avant d'arriver à "résoudre" l'affaire. Il
faudra encore près de deux ans, voire plus, beaucoup plus ! De toute façon donc, le récit n'aurait pas pu être modifié dans les temps. Mais si on savait
toujours tout à l'avance ! Et puis... le pire allait seulement arriver...
En attendant, le boss allait donner ses instructions.
INSTRUCTIONS
Maintenant donc que nous sommes mandatés dans l'affaire d'Arc-Wattripont tant pour l'affaire de 1993
que celle "actuelle" de 2011, il nous faut passer en revue les cibles de recherches qui seront les nôtres. Et tout d'abord devons-nous d'abord
préciser un point : c'est bien l'affaire de 1993 qui est la plus importante même si cela peut paraître paradoxal. Sur ce
dernier je recommande la prudence car nous n'avons aucune idée de l'origine des phénomènes, mais leur description semble en relation
avec des êtres humains (fréquentation inhabituelle de voitures contenant un équipement électronique sophistiqué) lesquelles
décampent avant l'arrivée de la police; l'activité des occupants est donc suspecte et probablement illégale !
Il nous faudra évidemment une chronologie aussi précise que
possible des événements de 93.
J'aimerais que l'on retrouve la trace d'Éric Barbé (et de Nathalie) dont les explications nous seraient certainement très utiles.
Il faudrait patrouiller la ville de Braine-le-Comte à cet effet et notamment auprès de ses pharmacies puisque c'est dans l'une de
celles-ci qu'Éric se serait livré à des séances de spiritisme. Interroger la mère d'Éric ainsi que son père adoptif, sans oublier
le véritable père, pourrait nous amener des éléments dignes d'intérêt.
J'aimerais aussi que l'on tente d'éplucher les circonstances de l'accident d'Éric (Où aurait-il lieu ? On sait déjà qu'il date de 1989. Pourquoi ? Parce que
l'émission de Baudouin Cartuyvels du 17 janvier 93 (voir en bas de page) permet de
savoir qu'à l'époque l'accident datait de quatre ans : 93-4=89) Il serait idéalement utile que nous puissions consulter son dossier
médical. A ce sujet, je me doute bien que ce sera sinon impossible du moins très difficile mais cela a été possible dans certaines enquêtes (Dour, notamment).
Je me charge de prendre contact avec le professeur Dierkens et son épouse, je poursuis aussi les entretiens avec Jean-Marie Tesmoing.
Je verrai aussi si l'on peut établir un parallèle avec
l'autre affaire de Dour, plus lointaine dans le temps, rue
de l'aubette si mes souvenirs sont bons (nous ne l'avons pas investiguée et ô comble de l'ironie, je passe devant tous les jours
avec mon bus !) Je verrai avec nos médecins (entendez par là les médecins membres du CERPI) à propos des trépanations (Éric ayant été
supposé en avoir subi au moins une, sinon plusieurs) et du rapport éventuel que l'on peut en ressortir en relation avec le spiritisme.
Ah oui ! Bien que l'on sache déjà que les câbles à haute tension ne soient pas responsables des phénomènes, j'aimerais que
l'on récolte un maximum d'informations sur ces derniers - éventuellement en rapport avec l'affaire de 2011 avec la présence de
ses voitures importunes et à l'équipement sophistiqué.
Toutes les sections sont invitées à fournir tout élément qui serait
susceptible d'être en rapport avec l'enquête principale. Notamment, il serait bon de glaner un maximum d'infos sur l'Église gallicane et
de trouver les coordonnées de Mgr Patrick Meurant.
Il est évident que l'on doive partir à la recherche de tout ce qui a
constitué la médiatisation de l'affaire.
(Il consulta ses notes, puis poursuivit).
Oui, je me chargerai d'interroger radiesthésistes, gendarmes et policiers de l'époque, de solliciter le Parquet du Procureur du Roi
afin de pouvoir au moins visionner la K7 vidéo des gendarmes. (Il porta alors un doigt à son front : manifestement, une idée venait de lui passer par la tête !)
Oah ! Je viens de penser à un truc qui peut paraître stupide mais sait-on jamais et comme quoi, parfois les détails d'interviews
sommaires peuvent amener des éléments inattendus : je voudrais donc que la section ufologique vérifie s'il y aurait moyen d'établir un
rapport quelconque entre l'affaire principale et la VOB (Vague d'OVNIs sur la Belgique) Hé oui ! Ça va vous paraître loufoque
mais le garde-champêtre sceptique qui nous a servi de passe-droit nous a exprimé le peu de crédibilité que l'on pouvait accorder aux
Dubart, capables - selon lui - de voir tout et n'importe quoi et d'appeler au secours. Aussi qu'ils disent avoir vu un extraterrestre ne l'étonnerait pas plus que ça ! C'est
évidemment de l'ironie mais, voyez-vous, comme je viens de le dire, l'accident d'Éric Barbé devrait remonter à 89, or il s'agit
précisément de l'année qui vit l'apparition des triangles mystérieux dans notre ciel. Il n'y a peut-être aucun rapport, bien sûr,
mais il ne faut négliger aucune piste d'autant qu'Arc-Wattripont se situe dans la région limitrophe entre francophones et
néerlandophones. Et alors ? Hé bien on a remarqué qu'à de rares exceptions près, les engins mystérieux négligeaient la partie
néerlandophone du pays. On se demande bien pourquoi cette division, cette frontière virtuelle entre communautés linguistiques
aurait pu constituer un obstacle si nous avions eu affaire à des extraterrestres ! Qu'est-ce qu'il pourrait bien y avoir entre les
deux, sinon par exemple une "base" comme on en trouve une à l'autre bout du pays sous la forme de ce centre ultrasecret de l'OTAN.
Dans ce cas, les phénomènes auraient pu avoir été provoqués par des interférences dont nous ignorons la nature. Et si au contraire
il ne s'agissait que d'engins militaires, des prototypes également ultrasecrets, les Dubart ne pourraient-ils pas avoir été les victimes d'une fausse manoeuvre, d'une défaillance technique, une
interférence. Tout cela serait alors peut-être aussi en rapport avec les fameux véhicules mystérieux et les troubles de 2011 ?
Dans l'assistance, un bras se leva :
"Excusez-moi mais si cette hypothèse est osée, elle me fait penser qu'à seulement quelques kilomètres d'Arc-Wattripont se trouve la
ville de Lessines que vous connaissez bien pour y avoir habité durant de nombreuses années. Vous n'ignorez donc pas que l'un
de ses habitants célèbres fut le peintre surréaliste René Magritte, lequel nous a légué le fameux tableau (qui existe en plusieurs versions d'ailleurs) :
"L'empire des lumières"
"C'est exact. Et où voulez-vous en venir ?"
"Simplement au fait que ce tableau inspira William Friedkin pour l'affiche de son film culte : "L'Exorciste"".
"Hé bien je dis bravo ! Ça ne nous est d'aucune utilité pour le moment et sans doute n'y a t'il aucun rapport non plus mais c'est
intéressant de le savoir. Il nous faut ratisser large et passer au peigne fin car, rappelez-vous, nous sommes "condamnés" à
faire mieux que toute une escouade de spécialistes qui se sont cassés les dents sur l'affaire ! Alors, pourquoi pas !
Nous devrons nous inspirer des Sherlock Holmes, Colombo et autres Hercule
Poirot pour arriver à nos fins. Donc, le moindre détail, même le plus anodin en apparence, peut avoir son importance.
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