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Comme
nous l'avons déjà signalé, Véronèse est un peintre dont l'histoire mérite de figurer dans nos pages. Jugez vous-mêmes !
Commandé le 6 juin 1562 par les bénédictins de San Giorgio Maggiore, à Venise, qui voulaient voir le tableau égayer leur réfectoire, les Noces de Cana firent scandale en leur temps. Insistant sur la fête que constituent des noces plus que sur la lourde symbolique qu'impose l'illustration de textes issus de l'évangile, Véronèse semble se complaire dans une ivresse toute vénitienne (on disait des Vénitiens qu'ils croyaient «énormément en saint Marc, assez en Dieu et peu ou pas du tout au pape»), ultra moderne (certains éléments d'architecture sont empruntés à des bâtiments créés par Palladio l'année même) et cosmopolite (sont mêlés vêtements orientaux et occidentaux).
Volé par l'armée napoléonienne en 1798 malgré ses 72 m2 (il fut transporté roulé dans un bateau), le tableau siège, depuis, au premier étage du Louvre. Antonio Canova, célèbre sculpteur chargé de récupérer toutes les œuvres d'art italien confisquées par Napoléon, laissera Les Noces… à la France, convaincu par Vivant Denon de la trop grande fragilité de cette toile. En échange, l'Italie se voit offrir une œuvre de Charles Lebrun. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau sera tout de même mis à l'abri dans le sud de la France.
De 1990 à 1992, le tableau connaît une restauration aussi passionnée que médiatisée. À cette occasion, le tableau connaît un accident grave (une partie de la toile s'effondre) qui retardera les travaux, mais c'est un autre incident qui fera débat : la découverte que le manteau d'un des personnages n'a pas toujours été de la même couleur. La question sera de savoir si la couleur connue du public jusqu'ici était un repeint (une restauration sauvage d'un siècle précédent). Il semble que la couleur d'origine ait été le vert
Avec son format impressionnant de 666 (?) x 990 cm, "Les Noces de Cana" est sans doute le plus imposant des tableaux anciens présents dans les collections nationales françaises, et en tout cas, de celles du Louvre. Il est à noter que la hauteur de 666 centimètres n'est pas un clin d'œil à l'Apocalypse de saint Jean mais une pure coïncidence, puisque le système métrique n'existait pas à l'époque de Véronèse (666 cm = 3 toises, 2 pieds et 6 pouces). Quant à nous, si nous n'avons aucune difficulté à admettre qu'il s'agisse d'une coïncidence, nous nous contenterons de signaler que cela en fait une de plus dans un dossier déjà bien fourni en la matière.
On y dénombre 132 personnages dans ce tableau, dont certains sont d'ailleurs des portraits de personnes ayant existé, comme Pierre L'Arétin. Le groupe de musiciens qui se trouve au centre serait, selon la tradition, composé de Titien, Tintoret, Véronèse, Bassano et enfin, le frère de Véronèse. Certains historiens de l'art ont récemment réfuté cette séduisante hypothèse d'autoportrait in assistenza, arguant qu'aucun texte de l'époque n'en fait cas.
Malgré ses couleurs chatoyantes et sa foule joyeuse, le tableau de Véronèse contient sa part d'ombre. Au centre exact de la toile se trouve en effet un morceau d'agneau qu'un boucher hache. Juste en dessous, Jésus, que l'on ne remarque jamais au premier abord malgré une mine grave et malgré le fait qu'il soit le seul et unique personnage du tableau qui regarde le spectateur, avec un autre personnage qui est une femme, située sur la table de gauche du tableau. Ce détail morbide (l'agneau découpé) est sans doute ici pour rappeler au croyant que c'est au milieu d'une fête que Jésus, en accomplissant son tout premier miracle — la multiplication des pains et du vin, pendant ces noces —, a signé son arrêt de mort puisque c'est le point de départ de la suite d'événements qui l'amènera à être crucifié. Il y a une supposition qui dit que la femme à la gauche de Jésus (en fait sa droite) serait soit la Joconde soit la vierge Marie. Cette supposition nous paraît ridicule. En effet, si Jésus occupe la place principale en tant qu'époux, on imagine bien que ce soit la mariée qui soit à sa droite et non pas sa mère. Par ailleurs, si on veut respecter le principe des alternances, comme on le fait de nos jours, on remarque que ce principe n'est nullement respecté. Il faut également considérer que la Joconde ne serait pas sensée disposer d'une auréole, à moins qu'on la prenne pour une sainte et qu'elle représente bien Marie-Madeleine, ce qui ne ferait qu'apporter de l'eau au moulin...
Son véritable patronyme reste inconnu : le peintre ayant signé successivement Paolo Spezapedra (surnom paternel), Paolo di Gabriele, Paolo da Verona ou Paolo Caliaro (probablement un nom d'emprunt). La tradition de l'histoire de l'art parle de Paolo Caliari. De père architecte et sculpteur, il s'adonne tout d'abord à cet art en apprenant la modélisation, mais son penchant pour la peinture a raison de lui et il se tourne vers son oncle, Antonio Badille, qui possède un atelier. Il acquiert dans le même temps beaucoup de connaissances en matières d'architecture et de perspective, avec l'apprentissage que lui donne Giovanni Carotto.
Il fit ses études à Vérone auprès de peintres locaux. Sa renommée grandissant, il exécuta des commandes à Venise, à Mantoue, puis à Vicence où il rencontra l'architecte Andrea Palladio. En 1553, il peignit, en compagnie de deux autres peintres, les fresques des salles du conseil des Dix au palais des Doges à Venise. Vers la même époque, il entreprit la réalisation du plafond de l'église de San Sebastiano dans cette même ville. Il participa à la décoration de la bibliothèque San Marco.

Afin d'en savoir (beaucoup) plus sur Marie-Madeleine, nous ne pourrions jamais
assez vous inviter à consulter l'excellent site :
http://www.marie-madeleine.com/
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