Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

L'abbé Bérenger Saunière

A priori, on ne peut pas qualifier l'abbé Saunière de grande figure de l'occultisme, du surnaturel ou du paranormal. Il n'est pas directement à l'origine d'un phénomène particulier ou de sa mise en évidence, il s'agissait "sur le papier" d'un abbé parmi tant d'autres, qui de surcroît fut privé de son sacerdoce pour avoir été accusé (à raison semble t-il) de trafic de messes. Cependant, il fut en plein coeur de l'affaire de Rennes-le-Château, l'acteur principal oserions-nous dire et par là, auréolé de mystère et d'incertitudes qui subsistèrent d'ailleurs après sa mort. 

Outre le fait de vous présenter le personnage, nous épiloguerons sur le sujet annexe qui en amène d'autres, tout particulièrement importants. C'est que, en effet, cette affaire est étroitement liée à la réhabilitation de Marie-Madeleine d'une part, à celle du Code da Vinci (qui n'est qu'un roman, rappelons-le, mais qui introduit lui aussi le personnage dans un contexte assez semblable) d'autre part, enfin l'étude relative à cet abbé et à son ministère, examiné de loin ou de près, intéresse au plus haut point l'une des grandes enquêtes du CERPI...

Qui était l'abbé Saunière?

L'abbé Saunière, ou tout du moins celui qui allait le devenir par la suite, est né le 11 avril 1852. Il était l'aîné d'une famille nombreuse. Fils de Marie Hugues (?-1909) et de Joseph Saunière (né à Montazels - 1823-1895) dit "Cubié", qui fut Maire de Montazels. Chose curieuse, mais sans doute ne s'agit-il que d'une coïncidence, les parents de l'abbé Saunière, respectivement gérant de la minoterie et régisseur du château du Marquis de Cazermajou puis de Monsieur de Bourzès s'appellent Joseph et Marie, ce qui semble de très bonne augure pour qui a la destinée de rentrer dans les ordres. Les parents en question se sont mariés en 1850.

Nous arrivons ensuite à une bizarrerie suivante (mais qui n'étonnera guère les personnes habituées aux absurdités administratives !). En effet :

- sur son acte de mariage, Joseph Saunière est "Trésorier de la Fabrique de l'église de Montazels".
- Sur l'acte de naissance de Bérenger (le fils de Joseph et donc l'abbé lui-même), il est "propriétaire à Montazels".
- Sur l'acte de naissance d'Alfred, il est "Maire et propriétaire à Montazels.
- Sur l'acte de naissance de Rosalie, il est "Agriculteur".
- Sur l'acte de naissance de Barthélémy, il est "Propriétaire et régisseur du château".
- Sur l'acte de naissance de Louise, il est "Maire et propriétaire de Montazels".

Bérenger est décrit comme étant de nature insolente, indépendante, intégriste, rebelle à la hiérarchie. Il est plutôt de stature athlétique. Il transite, pour sa scolarité, entre l'école St Louis de Limoux et le grand séminaire de Carcassonne .

Ordonné prêtre en juin 1879, puis vicaire d'Alet du 16 juillet 1879 à 1882, ensuite curé du doyenné du Clat du 16 juin 1882 à 1885. Il devient professeur au séminaire de Narbonne mais son tempérament indiscipliné lui joue des tours et il connaît la disgrâce de la rétrogradation qui lui vaut d'être "néanmoins" nommé à Rennes le Château.

Ce sont des problèmes de politique (puisque Béranger Saunière sera catalogué comme antirépublicain, ce qu'il ne niera d'ailleurs pas) qui l'obligèrent à quitter Rennes-le-Château pour donner à nouveau cours à Narbonne.

Cela ne durera toutefois guère plus de quelques mois car le préfet reviendra finalement sur sa décision, probablement sous la pression de la municipalité comme en attestent certains documents.

Saunière ne s'occupera toutefois pas que de Rennes-le-Château car, dès mai 1890, il administrera aussi Antugnac. Ce dernier point ne nous semble important que dans la mesure où il s'agissait de la paroisse dans laquelle il célébrait la messe tous les dimanches, c'est-à-dire le Jour J pour les chrétiens. Nous signalerons entre autres que Bérenger Saunière avait la réputation de jouer beaucoup à la loterie, notamment la loterie de la Maison de retraite des Artistes...

On peut également dire que l'abbé eut des relations plutôt ambiguës avec les Dénarnaud. Il logera bien avec la famille Dénarnaud dans le presbytère mais s'entendait apparemment très mal avec la mère (et sans doute mieux avec la fille), et de ce fait, il habitera au moins sporadiquement dans la bâtisse qu'il avait fait construire près du cimetière.

Le mystère s'installe

Toutefois, toute une histoire entoure la vie de l'abbé Saunière qui, pratiquement du jour au lendemain, vouera un culte tout particulier à Marie-Madeleine, lui dédiant la quasi totalité de son domaine, son église sera celle de la Magdaléenne, sa villa la villa Béthanie, et il aura aussi la tour Magdala. Son comportement deviendra des plus suspects ou disons tout du moins sujet à questionnements, il serait paraît-il à l'origine de la découverte d'un trésor fabuleux, peut-être réel (celui des Templiers, de Blanche de Castille, de Salomon, de Marie-Madeleine, un autre ?) peut-être spirituel (celui de Marie-Madeleine version bis, un autre ?), en tous cas, dès ce jour, il fit des dépenses extraordinaires qui ne semblaient pas correspondre à ses possibilités financières, il fit prétendument d'autres découvertes encore, sous la forme de documents, s'entoura encore de mystère par des paroles bizarres, le décryptage de codes, des déplacements louches...

Lorsqu'il vint à mourir, le 22 janvier 1917, des suites d'une attaque d'apoplexie survenue le 17 du même mois, il y avait déjà longtemps qu'il avait donné sa démission de prêtre (1er février 1909) et été déchu de son activité sacerdotale (1911). Ce n'est toutefois qu'en 1915 qu'il fut inculpé pour trafic de messes. Dès lors, le reste de sa vie apparut comme plus misérable puisqu'il dut subvenir à ses moyens en vendant des médailles ou des chapelets à des soldats blessés et il fut aussi accusé d'héberger des espions allemands.

Et subsiste...

A première vue, les choses paraissent assez claires. L'abbé Saunière disposait initialement de quelque fortune qu'il tenait de son père, il a pu gagner à la loterie, ce qui est sûr c'est qu'il put profiter de nombreux dons, ajoutez à cela le trafic de messes et il y avait moyen d'obtenir une somme rondelette. Mais que celle-ci ait pu atteindre les 3 millions d'euros (120 millions d'anciens francs belges! Près de 3 millions d'euros), cela fait tout de même beaucoup. Un peu trop à vrai dire...
Terminons ce sujet, ou tout du moins son introduction car vous imaginez bien que nous y reviendrons en ajoutant qu'avant sa mort, Saunière reçut les derniers sacrements. Il put se confesser auprès d'un autre curé. Ce dernier ressortit de son entretien... livide et ne lui donna l'extrême onction que deux jours plus tard... Vous avez dit "étrange" ?

Dans son Code da Vinci, Dan Brown fait une allusion directe à l'abbé dont il est ici question en appelant le grand-père de Sophie Neveu (l'héroïne principale avec Robert Langdon) "Jacques Saunière". Ce sont d'ailleurs les deux premiers mots du roman proprement dit. Étonnant que celui-ci soit mort assassiné dans des circonstances très particulières, dans la Grande Galerie après avoir manipulé un Caravage et que pour donner une piste aux enquêteurs, il se "métamorphosa" en homme de Vitruve (dessin de Léonard de Vinci). Langdon le héros principal, avait un rendez-vous avec le Saunière du roman afin que ce dernier, qu'il qualifie de "spécialiste numéro 1 de la question", l'éclaire à propos de l'iconographie du culte de la grande déesse et du concept du Féminin sacré.
Les commentaires que l'on peut trouver dans la version Pocket du
Code da Vinci à propos de l'ouvrage de Jean-Michel Thibaux sur "le secret de l'abbé Saunière" est étrange: (...) "Saunière a t'il été nommé à Rennes-le-Château par son évêché ou, plus probablement, par des membres du Prieuré de Sion (...)" et " (...) "un secret historique dont un certain Léonard de Vinci détenait le code (...)

L'illustration ci-contre est un Caravage représentant Marie-Madeleine...